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Islamiqua | L'islam et son image
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22 mars 2009

Femmes et Politique en Islam

ikbel_al_gharbi

L'islam est-il une religion pro féministe, prône-t-il une vision égalitaire comme se le demandent beaucoup de musulmanes et de musulmanes ? Ou bien, au contraire, est-il la religion misogyne par excellence comme le présente souvent de façon caricaturale les extrémistes de tout bord. Avant de répondre à ces questionnements légitimes, il faut souligner que Islam et Féminisme sont des concepts clés qui demandent à être retravaillés pour dépasser les usages polémiques qui tendent à opposer deux forces antagonistes hors de toute analyse historiciste. Cela n'est possible que si la raison critique dispose de nouveaux outils conceptuels qui nous aide à dépasser et à nous libérer des dualismes réducteurs du Bien et du Mal, du Civilisé et du Barbare, des Lumières et des Ténèbres. Dans cette perspective, le concept ISLAM doit être manié avec prudence. Effectivement une approche multidimensionnelle  s’avère adéquate. Or comme le fait remarquer l'islamologue Edward Saïd, « quand on parle de l'Islam, on élimine plus ou moins l'espace et le temps. » Or, faut-il rappeler que le monde musulman couvre un milliard d'individus et comprend des dizaines de pays, de sociétés, de traditions, de cultures, de langues. Il inclut, aussi, des nombreuses expériences distinctes qui résultent de différentes lectures de l'Islam. Ce relativisme nous dévoilera que le statut de la femme musulmane diffère selon les pays, les époques historiques, les sociétés, les législations en vigueur. En outre, la ségrégation dont souffrent certaines femmes musulmane est une création du fiqh. Elle résulte en grande partie d'une manipulation du texte sacré ainsi que d'une mystification de l'histoire féminine en islam.

A ce propos, il faut mentionner que le texte sacré a toujours été manipulé et sa manipulation est une caractéristique structurelle de la pratique du pouvoir dans les sociétés musulmanes. « Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle de l'avenir. Or, celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé. » Écrit George Orwell en analysant les techniques de la manipulation et en expliquant comment le mensonge passe dans l'Histoire. Il faut se remémorer que depuis les anciens, et selon Saint Augustin, le mensonge n'est pas une simple absence de la vérité, il est le contraire de la vérité. Il est une falsification et non seulement une privation de la vérité. Il existe dans le mensonge un élément d'activisme et d'agressivité ; puisque mentir ne revient pas simplement à percevoir la réalité d'une façon erronée, mais à affirmer l'existence de ce qui n'est pas ou à nier l'existence de ce qui est. Le mensonge relève ainsi du mode d'action volontaire. Au sein de cette construction fictive de l’histoire, l'infériorité de la femme est présentée comme un fait naturel, enraciné dans la différence des sexes sur la base de spécificités physiologiques constatées. C'est en déconstruisant cette « archéologie objective de notre inconscient » dont parle Pierre Bourdieu et en se réappropriant son histoire que la femme musulmane pourra disposer des armes théoriques nécessaires à ses luttes historiques.

C’est aussi en reparcourant à rebours tout le chemin tracé, marqué, imposé par la tradition qui est passé du Coran au corpus officiel clos des textes sacrés, au corpus interprété, c’est-à-dire aux exégèses et commentaires de la communauté savante des Oulémas que nous dévoilerons les mystifications dont a été victime la femme musulmane.

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La problématique des rapports entre  la femme et la politique en islam est au cœur de cette réflexion qui tentera de présenter une sorte d’état des lieux portant sur des débats qui ont marqué ces dernières années et qu’une actualité brûlante ne cesse de remettre sur le tapis.

L'implication des femmes dans l'histoire musulmane a souvent été occultée. Pourtant l'impact des femmes dans l'avènement de l’islam, dans sa propagation, dans ses luttes est primordial.

Certaines femmes comme Khadija, Umm Salama, Aicha etc.… ont joué un rôle décisif.

Khadija, première épouse du prophète (et pendant qu'elle vécut son unique femme) était fille de Kuwaylid, du clan mekkois des Assad de Kuraych.

Avant son mariage avec le prophète, elle avait eu deux maris : Abu Hala al Tamimi dont elle divorça, et Abdallah Ben Utayyik qui l'a laissée veuve.

Khadija possédait une fortune personnelle qu’elle gérait seule. Cela est peut-être du aux structures matriarcales qui subsistait en Arabie. Les historiens relatent que la sœur de Khadija avait une fille qui portait le nom de sa mère : Umayma bent Rokayya ce qui voulait dire que la descendance se faisait encore par la mère en ce temps là. Cette pratique était courante et certains rois portaient le nom de leur mère comme le roi Omar ibn Hind. Le prophète lui-même était fier de descendre des femmes de sa tribu et avait coutume de dire : « Je suis le fils des El Awatek de la tribu de Solayman (Atika bent Hilal , Atika bent Mora et Atika bent El Awkass , toute femmes de cette tribu) ».

Femme d’affaire, héritière d'une grosse fortune léguée par son précédent mari, elle la faisait fructifier en investissant dans des opérations de commerce international.

Femme de caractère, elle se réservait la liberté de choisir librement son époux. C'est ce qu'elle fit lorsqu'elle décida d'épouser le prophète. Elle envoya auprès de lui une émissaire, Nefissa pour le demander en mariage.  L'historien Ibn Saad a rapporté les paroles de Nefissa « elle me dépêcha en secret auprès de lui avec une proposition de mariage. Et il accepta ». Le prophète vécut vingt cinq années avec Kadhija sous le régime de la monogamie

Le contrat de mariage de Khadija et du prophète avait été établi pour elle par son oncle Amor Ben assad.

Son mariage avec le Prophète marqua un tournant important dans l’histoire de l’islam.

Khadija aida le prophète, l’encouragea en lui donnant confiance en lui-même et en sa mission. Après l’appel à la prophétie, elle fit part de l’événement à son parent, Waraka ibn Nawfel qui était chrétien. Ce dernier lui déclara que cette expérience était semblable à celle de Moise recevant la Loi.

Aicha, la mère des croyants, rapporte ces événement graves : « la Révélation se manifesta d'abord au Prophète sous la forme de visions pieuses qu'il avait dans son sommeil …L'ange lui apparut…et lui dit : "Lis au nom de ton Seigneur qui a crée, crée l'homme d'une adhérence ; lis et ton Seigneur est le Très-Généreux ».

Le prophète revint chez lui avec ces versets, le cœur palpitant ; il entra chez Khadija bint Khouwaylid et s'exclama : « enveloppez moi, enveloppez moi ». On l'enveloppa jusqu'à ce que son effroi se dissipe. Il annonça alors la nouvelle à Khadija, lui disant « J'ai cru que j'en mourrais ! » Khadija répondit : « Non, par Dieu, jamais Dieu ne t'infligera d'affront; tu préserve les liens de parenté, tu soutiens les faibles, tu donnes aux pauvres, tu héberges les hôtes, et tu aides à parer les coups du sort. » Khadija emmena alors le prophète chez Waraqa ibn Nawfel ibn asad ibn abd al Ouzza, un cousin à elle. C'était un homme qui avait embrassé le christianisme à l'époque préislamique. Il savait écrire l'écriture hébraïque, et écrivait en hébreu ce que Dieu avait voulu qu'il écrive de l'évangile. C'était un vieillard âgé, devenu aveugle. Khadija lui dit : « Mon cousin, écoute le fils de ton frère. » Waraqua lui demanda : « Qu’as-tu fils de mon frère ? » Le Prophète lui raconta ce qu'il avait vu. Waraqua lui dit alors : « Cet ange est celui que Dieu a envoyé à Möise. Que ne suis jeune et vigoureux ! Comme je voudrais être encore en vie, quand ton peuple te chassera ! » Le Prophète demanda : « Mon peuple va-t-il donc me chasser ? ». Il lui répondit : « Oui, jamais un homme n'a apporté ce que tu apportes sans être persécuté. Si je vis encore ce jour là, je t'aiderai de toutes mes forces. » Waraqua mourut peu après, et la Révélation marqua une pause. (Rapporté par al Boukhari et Mouslim dans Livre du début de la Révélation au Prophète). 

Par ailleurs, Khadija a su apporter au Prophète tout l’appui psychologique et tout le soutien logistique dont il avait besoin. Adepte de la nouvelle religion alors même qu’elle était encore secrète, Khadija a participé à la lutte clandestine en territoire ennemi.

Aussi bien sur le plan objectif des rapports de forces que sur le plan subjectif de la psychologie individuelle, la personnalité de Khadija, mère des croyants, a été une donnée incontournable de la destinée de la religion musulmane.

_______________

* Ikbal al Gharbi est professeure de psychologie et des sciences de l’éducation à L’Institut supérieur des sciences religieuses, ainsi que directrice du Centre de l’innovation pédagogique à l’université Ezzeytouna en Tunisie. Elle est aussi psychologue, docteur en anthropologie, consultante auprès des Nations Unies et elle s’occupe de la réforme dans le monde arabe.

ahikbal@yahoo.fr

Participez aux différents débats qui ont lieu sur islamiqua en laissant vos commentaires…

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Commentaires
D
Bonsoir a tous<br /> <br /> <br /> <br /> Je me nomme Melissa ,suite au problème vue sur le site je viens pour intervenir et faire comprendre a toute personne ayant été déçue comme moi que rien est encore tard .Car quand on veux on peu , après un moment de déception avec mon ex qui est actuellement redevenu l’Élu de mon cœur j'ai du faire appelle a une maître marabout vaudou qui a vraiment fait un miracle dans ma vie .Il m'a permis de retrouver la paix du cœur en faisant revenir l'homme que j'ai toujours aimer .Alors ne guise de remerciement je voudrais lui rendre hommage et conseiller a toute personne ayant de problème a bien vouloir faire recours a ce homme car il est vraiment un envoyer pour résoudre tout genre de problème .<br /> <br /> <br /> <br /> Je me permet de vous laisser ces cordonnez : ali.marabout@live.fr ou alimarabout@live.fr<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis heureuse dans ma vie grâce a cette homme
S
En effet les femmes ont joué un rôle important, notamment Aîcha la mère des croyants, qui était considérée comme une savante; une érudite. Elle avait appris le Coran du vivant du prophète (PBUH), ainsi que les hadiths.<br /> Outre sa piété, sa dévotion,sa pudeur, son extrême bonté et sa générosité, Aicha était aussi une femme éloquente, intelligente, dotée d'une très bonne mémoire (ce qui lui a permis de répertorier les hadiths du prophète); elle était aussi connue pour sa sagesse.<br /> @Ivan:<br /> Si vous voulez en savoir plus lisez la "sira de Aicha" de Mohamed Rateb annabulsi
I
@ Bader :Merci de la remarque. Pourriez-vous me renseigner des ouvrages qui m'en diraient plus sur ce rôle particulier d'Aïcha ?
B
@Ivan, intéressant commentaire. Je tiens juste à vous faire remarquer que la principale auteur des interprétations coraniques après la mort de Mohammed (SAW) est Aïcha....<br /> Elle a en effet tenu un rôle religieux prépondérant, enseignant la doctrine islamique à fois aux hommes comme aux femmes...<br /> <br /> Cette histoire a tout simplement été occulté, ou n'est pas mise en avant, mais le rôle religieux de premier plan des femmes dans l'Islam et le monde arabe est réel.
I
Intéressante introduction sur ce sujet, et d’autant plus qu’elle est écrite par une femme. Jusqu’à présent, toutes les doctrines juridiques, philosophique et religieuses sur le sujet ont été écrites par des hommes, ce qui mènent inévitablement à une dévalorisation du rôle de la femme( il en va de même dans toutes les autres religions). Je pense que si les femmes musulmanes faisaient plus d’effort de réflexion et d’approfondissement de leur foi et écrivaient plus à ce propos, elles feraient considérablement progresser leur statut dans la société.<br /> <br /> Pour ceux qui veulent approfondir la question,je recommande la lecture fort intéressante de “La condition de la femme dans l’islam” par Masour Fahmy (qui , par ailleurs a payé assez cher l’audace intellectuelle de cet ouvrage écrit en 1913). Cet ouvrage ne se borne en effet pas à dénoncer la situation faite aux femmes par une lecture traditionaliste des textes sacrés, mais il en rappelle le contexte et l’évolution historique qui aident à comprendre cette situation.. <br /> <br /> Je recommande particulièrement, à l’attention des réformistes, le chapitre “Mahomet et la femme”dans lequel il ne se contente pas de décrire ses oppinions hostiles à la femme, mais également ses oppinions favorables à la femme, qui permettent des développements intéressants. <br /> <br /> Dans un tout autre ordre d’idées, je recommande également le chapitre 13 du dernier ouvrage de T. Ramadan “Ismlam, la réforme radicale”. Ce chapitre est intitulé “Les femmes: traditions et libération”. IL y développe sa réflexion entaméee de longue date sur l’amélioration du rôle des femmes dans l’islam,sur la réappropriation par les femmes de l’interprétation des textes sacrés, à la lumière des connaissances nouvelles , principalement dans les sciences humaines .Il s’y réjouit de la montée en puissnace de la participation active des femmes sur le terrain( dans le domaine social particulièrement) et appelle à un développement identique au niveau de la réflexion théorique, aussi bien qu’au niveau des mosquées.<br /> <br /> Je remercie Ikbal al Gharbi pour sa contribution sur ce sujet très important et espère lire encore d'autre développements de sa part.
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