L’autre extrémisme
Mon troisième et dernier post relatif au colloque « droit, pouvoir et religion » ne sera pas consacré aux différentes communications présentées dans cette rencontre mais plutôt aux débats parallèles que j’ai pu avoir avec beaucoup de mes amis étudiants (en majorité étudiantes et étudiants de la faculté des Sciences juridiques, politiques et Sociales de Tunis) et qui m’ont permis d’apprendre beaucoup de choses et surtout de découvrir de plus près certaines tendances que je considérais minoritaires, mais qui semblent avoir plus d’importance que ce que je pensais.
Au cours des différents repas et du diner qui nous ont été offerts par les organisateurs du colloque, j’ai eu le plaisir de participer à de passionnants débats sur des questions en relation plus ou moins directe avec le sujet du colloque. Ainsi, on a discuté des rapports hommes-femmes dans les sociétés arabo-musulmanes (et plus précisément en Tunisie), de la place de la religion dans l’Etat, des droits des femmes (en réactions à la fameuse affaire de rupture du mariage en France pour « erreur sur les qualités essentielle de la mariée » a savoir le fait qu’elle n’était pas vierge au moment du mariage), du port du voile… et ce qui a attiré mon attention au cours de ces discussions fut le degré d’intolérance que j’ai pu relever. Intolérance pas dans le sens qu’on croit tous mais bien au contraire ; la majorité de ceux avec qui j’ai eu le plaisir de discuter avaient des positions très fermes sur la religion. J’ai senti de leur part une véritable suspicion (pour ne pas dire haine) de la religion. Ainsi, aucun poids n’est accordé a cette dernière, tout ce qu’elle peut représenter n’est autre qu’un ensemble de « traditions culturelles ». Aucune différence n’est faite entre les islamistes et « les autres ». Pire, il y avait certains qui témoignaient d’un refus catégorique de toute discussion avec des gens qui utiliseraient un discours religieux !
Ce genre de prise de position est dangereux. Je le dis parce qu’il me semble qu’on est face à un extrémisme qui ne dit pas son nom. Il n’y a pas que les tenants du discours islamistes qui peuvent avoir un comportement et des envies d’exclusions pour tous ceux qui ne sont pas d’accords avec eux, il y a aussi ce courant là. Or, le malheur c’est qu’une société ne peut pas continuer à vivre dans la paix si jamais ces deux courants deviennent majoritaires. Nous avons besoin de plus d’objectivité, de moins de crispation, d’accepter l’autre avec ses différences, de ne pas permettre que l’on nous viole nos droits mais de ne pas encourager qu’on viole les droits des autres.
Je pensais que ceux qui n’avaient pas qu’une culture exclusivement religieuse étaient beaucoup plus tolérants. Je continue à le penser (ou du moins à l’espérer) et à souhaiter que l’intolérance que j’ai cru apercevoir dans ces différentes discussions ne soit que trop minoritaire dans nos sociétés. Nous avons déjà un extrémisme à combattre : c’est celui islamiste. Et pour le moment nous n’avons ni les forces ni l’envie de combattre un autre extrémisme. Mais on doit au moins avoir le courage de dire que cet extrémisme existe et que nous refusons toute sorte d’extrémistes.
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