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Islamiqua | L'islam et son image
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13 juin 2007

L'islamisme au Maghreb

                                                                                                                    le_Maghreb_retient_son_souffle

« On avait perdu l’habitude de cette saisissante sensation qui vous serre l’estomac durant le trajet entre le siège de la rédaction et le lieu de l’explosion. On avait oublié ce pressant sentiment de colère et de peine à la vue des blessés qu’on embarque encore. Les scènes de carnage qui ont jalonné les années noires défilent à nouveau dans nos têtes. »

Ainsi s’exprimait le journaliste algérien Moustapha Hammou suite au double attentat qui a frappé Alger le 11 avril dernier.

L’Algérie a peur. Peur de revire les « années noires ». Peur de voir le pays sombrer dans le sang. Peur de découvrir que les quelques 150.000 morts (au moins) de ces années là n’auraient pas suffit pour que les islamistes se résignent une bonne fois pour toute au non recours à la violence.

Mais ce n’est pas l’Algérie seulement qui a peur. C’est l’ensemble des pays du Maghreb qui retiennent leurs souffles !

●●●

Voila une organisation, le GSPC, qui fut il n’y a pas longtemps, présentée par « les spécialistes » comme étant « au bord de la faillite » avec un effectif très réduit et des moyens limités. Une organisation qui aurait abandonnée ses attaques pour se concentrer sur sa défense, affaiblie par la guerre inlassable que lui livre l’armée algérienne, la politique de réconciliation nationale, et l’épuisement du réservoir des djihadistes ou elle pêchait ses futurs militants.

Et voila, tout d’un coup, on ne parle plus que de l’ex-GSPC. Devenue Al Qaida au pays du Maghreb, l’organisation ne cesse plus d’organiser et/ou de revendiquer des actes terroristes non seulement à l’intérieur des pays maghrébins mais aussi en Europe ou elle a des cellules dormantes dans plus d’un Etat (Espagne, Italie, France…).

Il aurait suffit de cette métamorphose pour que l’ex-GSPC retrouve (plus que) ses forces habituelles, plus de moyens, plus de visibilité et plus de sympathisants. De quelques centaines, ses membres seraient aujourd’hui des milliers (dans les cinq pays maghrébins, au Sahel et en Europe) avec des camps d’entraînement un peu partout : sur le territoire maghrébin, au Mali, au Niger et au Tchad.

D’une organisation nationale, l’ex-GSPC est devenu une organisation transnationale et désormais, Al Qaida aux pays du Maghreb regroupe tous les salafistes-djihadistes du Maghreb Arabe : des algériens, des marocains, des tunisiens, des mauritaniens et des libyens.

Résultats : bombes humaines de plus en plus fréquentes et cibles réparties sur l’ensemble des pays du Maghreb.

Et voila que la guerre est déclenchée…

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Commençant par un Etat qui connaît une véritable guerre sur son territoire. Vous l’auriez deviné sans doute, il s’agit de l’Algérie qui a connu pendant tout le mois d’avril « la plus importante des opérations anti-terroristes jamais engagée ». Avec plus de cinq mille hommes : parachutistes, policiers, gendarmes et commandos ont investis les environs du village de Merdj Ouamane, dans la région de Oued Amizou, près de Béjaia, dans l’est du pays.

A cet endroit, pendant des mois, au nez et à la barbe des services de sécurités, l’ex-GSPC a construit l’une des ses principales bases à partir de laquelle Adbelmalek Droukdel alias Abou Moussab Abdelwadoud aurait organisé avec ses lieutenants les derniers attentats qu’a connu Alger.

Des attentats qui auraient été financés par certains hommes d’affaires de la ville !

En effet, selon le témoignage -rapporté par Jeune Afrique- d’un officier algérien qui a requit l’anonymat, « avant de nous attaquer au noyau dur du groupe, nous avons entrepris de neutraliser les membres du premier cercle. Parmi eux figuraient des gérants de bars ayant pignon sur rue à Bejaia. Et même, tenez-vous bien, des hommes connus pour boire comme des trous et fréquenter les putes. Nous soupçonnions depuis longtemps certains patrons de bistrot et même des chefs d’entreprise de verser un impôt ‘‘révolutionnaire’’ en échange d’une ‘‘protection’’. Ceux qui refusent sont kidnappés et libérés contre forte rançon. »

Ainsi donc, le vin, la drogue et la prostitution servent à financer les opérations d’un groupe qui se veut « vertueux » et qui veut nettoyer le Maghreb des… vins, drogues et autres prostitutions !

La réussite de l’armée algérienne dans cette dernière opérations ne doit pas cependant nous faire oublier l’une des principales questions que le gouvernement algérien doit se poser : quel est l’avenir de la politique de réconciliation nationale ? Peut-on continuer à pardonner des terroristes qui n’ont d’autres aspirations que de tuer le plus d’innocents possible ?

Comme l’écrit Moustapha Hammou, « La procédure de réconciliation nationale, qui a surtout profiter à des terroristes déjà neutralisés, condamnés, en instance d’être jugés, a ragaillardi les rangs des adeptes de la violence djihadiste. Le regain d’activisme est perceptible : les prises d’otages avec rançon se multiplient ; des véhicules chargées d’armes ont été interceptés, des réservoirs de soutien démantelés et les attentats se font de plus en plus fréquents. Mais le pouvoir ne semble pas avoir trouvé la stratégie qui réconcilie la nécessaire lutte anti-terroriste et l’hypothétique attrait des mesures de conciliations sur les groupes armés. » et de continuer « Le 10 avril encore, [le premier ministre] Ahmed Ouyahia disait que ‘‘chaque terroriste qui se rend, c’est une vie humaine préservée.’’ Il ajoutait que ‘‘c’était le devoir de la nation de tendre la main à ceux qui se sont égarés’’. Mais piéger un véhicule d’explosifs, former un kamikaze et organiser un attentat contre le palais du gouvernement nécessite plus de stratégie que d’égarement. Si, comme victimes potentielles, nous nous retrouvons, dix ans après, au même point, c’est que quelque part, c’est nous qui nous sommes politiquement égarés. »

Cela dit, que faut-il retenir ?

Pour l’Algérie, je retiens deux leçons :

1- S’il fallait encore une preuve de l’incroyable bassesse des terroristes, en voilà une nouvelle : non seulement ces terroristes s’autorisent à tuer sans vergogne des innocents mais ils financent ces mêmes opérations par de l’argent sale qu’ils récupèrent auprès des délinquants, mafieux et autres criminels.

2- La politique de « réconciliation nationale » devrait être révisée et pourquoi pas modifier en une politique de « rééducation nationale ». Plutôt que d’être pardonner, les (ex)terroristes devraient passés par des centres qui leur apprennent ce qu’est le vivre ensemble, ce qu’est la sacralité d’une vie humaine, ce qu’est l’amour de l’autre et de son patrie et ce qu’est la vie en société.

●●●

Le Maroc lui, n’a pas une guerre sur son territoire mais il a des fabriques de terroristes qui sont les bidonvilles. Et le premier d’entre eux est le tristement célèbre Sidi Moumen. Et pour cause, les islamistes qui sont morts le 10 avril à Casablanca venaient de ce quartier. Ceux qui ont fait sauter un cybercafé le 11 mars aussi et enfin (du moins pour l’instant) les auteurs de l’attentat de 2003 venaient de ce bidonville. Bien sur, les médias occidentaux ainsi que ceux marocains ne cessent de s’insurger contre la situation des habitants ce ces bidonvilles.

Ce fut le cas du Journal Hebdomadaire qui déplorait ainsi la situation des habitants de ce quartier : « Comment expliquer ce désagrément et cette indifférence ? L’apathie d’un Etat qui a pourtant une lourde responsabilité dans le ‘‘laxisme’’ qui a conduit aux événements du 16 mai, du 11 mars [et du 10 avril] ? Est-il impossible de résorber cet habitat insalubre générateur de clandestinité et de terrorisme ? ».

   

C’est une indignation que je partage mais qui n’excuserait en aucun cas la barbarie dont use les terroristes pour faire passer leur message.

Et pour preuve, la Tunisie ou le gouvernement vient d’ordonner la réalisation d’une étude sur l’influence des zones habités, des constructions et de la nature des quartiers sur le comportement (ou la radicalisation) des jeunes n’a plus sur son territoire ses fabriques de kamikazes (et autres bidonvilles) et pourtant elle n’est pas épargnée par le développement de l’islamisme et du fanatisme.

Un exemple révélateur fut celui des affrontements qu’a connu le pays au début de l’année entre les forces de l’ordre et un groupe terroriste relié au GSPC près de Tunis.

Un autre exemple vient récemment d’être rendu public : il s’agit du démantèlement -fin mai- d’un autre groupe terroriste  connu sous le nom de « La cellule du Sud ». Selon les enquêteurs, les membres de cette cellule faisaient des expériences dans une montagne tunisienne au but de fabriquer une bombe.

Composée d’une quinzaine de membres, essentiellement des jeunes étudiants en sciences physiques et techniques, « la cellule » avait entrepris ses essais en 2006 mais avait échoué à atteindre son but qui consistait dans la fabrication d’une bombe hydrogène ! 

Que faut-il donc retenir de ces développements ?

Pour le Maroc et la Tunisie, je retiens aussi deux leçons :

1- Il est incontestable que les bidonvilles sont de véritables fabriques de Kamikazes et qu’ils mériteraient par conséquence une action urgente de la part des autorités (marocaine).

2- Mais il est erroné d’attribuer la responsabilité du terrorisme aux seuls bidonvilles. Le cas tunisien est l’a pour l’attester. Plutôt donc que de focaliser notre intérêt sur la nécessité de l’élimination des bidonvilles, nous devons inciter les Etats du Maghreb à éradiquer toutes les formes d’extrémismes là ou elles se trouvent. Non seulement dans les bidonvilles, mais aussi dans les villes, les écoles, les médias…    

●●●

Mais avant tout, il faudrait peut-être une analyse de la tête de ces terroristes. De ce qui les poussent à commettre leurs actes abominable.

Une analyse à laquelle je vous invite dans le prochain post.

Une critique, une suggestion, un complément d’information ? … merci de poser vos commentaires

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Commentaires
M
"1- Il est incontestable que les bidonvilles sont de véritables fabriques de Kamikazes et qu’ils mériteraient par conséquence une action urgente de la part des autorités (marocaine)."<br /> marocaine? c tout?<br /> il pue ce blog malgré la belle couleur..
H
* « De mes amis algériens, les ex-terroristes qui ont été relaxés, ont dans leur majorité écrasante compris leurs erreurs du passé et vivent désormais bien intégrés dans la société algérienne. »<br /> <br /> Permettez moi d’en douter. Certes, tous ceux qui abandonnent les armes ne restent nécessairement pas des extrémistes. Mais, selon plusieurs sources, la majorité de ceux qui ont abandonnés les armes gardent le même comportement extrémiste, n’avouent pas leur faute, ne demandent pardon à personne et réclament qu’ils soient intégrés dans la société avec logement, travail et salaire… comme si de rien n’était !<br /> Il ne faut pas oublier que dans cette affaire il y des millions de familles algériennes qui ont souffert et cette souffrance ne sera sans doute pas éteinte, en voyant que leur nouveau voisins sont ce la même qui ont tués les membres de leur familles et qu’ils bénéficient de toutes les grâces de l’Etat ! <br /> <br /> * « Et puis, d'où est-ce que tu sors cette histoire de bombe à hydrogène ? Cela a-t-il été cité par les responsables tunisiens ? Ou alors c'est une conclusion à laquelle tu es arrivé par toi-même ? »<br /> <br /> L’histoire de la bombe hydrogène et de l’arrestation de la cellule du sud a été rapportée par le quotidien Al Chourouk (dans son édition du 31 mai) et qui se referait à des sources officielles.<br /> <br /> Merci pour votre intérêt<br /> <br /> Hamza Belloumi<br /> Administrateur du blog
H
* Pour la première partie de votre post, le commentaire de Kaiser y répond parfaitement. Si non si vous voulez encore plus de détails, je vous invite à lire le prochain post qui sera consacré à l’analyse de ce qui pousserait ces gens au suicide. Les exemples que je citerai vous montreront clairement que leur combat est loin d’être au nom d’une quelconque cause religieuse et la vie qu’ils mènent et loin d’être une vie vertueuse comme ils veulent nous faire croire. <br /> <br /> * Pour la deuxième partie de votre post, c’est exactement ce que j’ai dit : Malgré qu’en Tunisie (contrairement au Maroc) il n’y a pas de bidonville, cela n’a pas empêché l’apparition d’islamistes terroristes.<br /> <br /> Merci pour votre intérêt<br /> <br /> Hamza Belloumi<br /> Administrateur du blog
K
L'histoire de l'argent du vin et des bars utilisé pour les attentats n'est peut-être pas fausse, mais ce que j'ai remarqué c'est que c'est le même argument d' "argent sale" utilisé par les "vertueux" pour déscriditer ces personnes ? Moi, je me rappelle que quelques heures après les attentats de New-York, on avait dit que Atta a été aperçu avec des prostituées la nuit d'avant, même chose pour les talibans qui utiliseraient la vente de cannabis, cultivé en Afghanistan pour financer leur lutte contre les Américains et le Gouvernement Karzaï...<br /> <br /> Qu'est-ce que tu entends par apprendre à ces personnes "ce qu’est le vivre ensemble, ce qu’est la sacralité d’une vie humaine" ? De mes amis algériens, les ex-terroristes qui ont été relaxés, ont dans leur majorité écrasante compris leurs erreurs du passé et vivent désormais bien intégrés dans la société algérienne.<br /> <br /> Et puis, d'où est-ce que tu sors cette histoire de bombe à hydrogène ? Cela a-t-il été cité par les responsables tunisiens ? Ou alors c'est une conclusion à laquelle tu es arrivé par toi-même ?
T
Quoi que je hais ces terroriste comme je hais le Diable ça me fait rire que des naifs puissent croire à la propagande politique que ces « vertueux » qui veulent nettoyer le Maghreb se servent de l'argent du vin, de la drogue et de la prostitution. Et qui le dit un officier Algérien.<br /> <br /> D'autre part à ma connaissance il n'y a pas de bidonville en Tunisie, lesquels exactement tu parles?
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