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Islamiqua | L'islam et son image
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20 octobre 2006

La Tunisie s’attaque à l’ ‘‘habit sectaire’’ (1) : Indignations face à l'augmentation du nombre des voilées et des barbus

femme_voil_eTout a commencé avec le discours du président tunisien Ben Ali, le 25 juillet 2005 à l’occasion de la fête de la République. Dans ce discours, Ben Ali avait, pour la première fois depuis longtemps, évoqué le retour de « l’habit sectaire » en Tunisie et son refus de voir son pays influencé par les prédicateurs du Machreq. Le président tunisien ne faisait que dénoncer les signes du retour de l’islamisme en Tunisie : hijab et nikab pour les femmes, barbes et habits afghans pour les hommes.

Le 27 juillet 2005, analysant le discours du chef de l’Etat, le ministre tunisien des affaires religieuses, M. Boubaker El Akhzouri, avait déclaré au journal tunisien Assabah que le port du voile est « une tendance qui ne fait que régresser chez nous. En tout état de cause nous considérons que le voile est une tenue d’une secte déterminé et non de tous les musulmans. » Et de continuer « Nous le considérons d’ailleurs comme une intrusion qui fait fausse note. Nous appelons à adopter l’habit traditionnel tunisien, auquel avait incité le Président Ben Ali dans son discours du 25 juillet dernier. » Avant d’ajouter : « Nous refusons aussi le port de la horka blanche et de la barbe anormale qui souligne une appartenance bien déterminée ».

Les propos du ministre tunisien n’ont pas tardé à soulever une vague de protestation dans le monde arabo-musulman où chaînes de télévisions, journaux et forums de discussion sur internet ne se sont pas privés de critiquer les déclarations du ministre.

***

Plus d’une année après ces déclarations, le voile est de plus en plus présent en Tunisie, le nikab aussi commence à avoir du succès, et les barbus deviennent de plus en plus visibles.

Le 5 octobre dernier, le journal Le Monde a consacré un reportage à la Tunisie dans lequel Florence Beaugé évoque le retour du voile :

« Tout a commencé il y a un an ou deux. Dans les amphithéâtres de l’université, sont apparus des bandanas et des casquettes sur les têtes de quelques étudiantes. ‘‘ Cela s’est peu à peu transformé en voiles, malgré l’interdiction qui en était faite. Dans l’administration, plusieurs secrétaires se sont mises à faire la même chose. Quant je les interroge sur leurs motivations, elles me répondent : ‘‘ J’en sens le besoin !’’ ’’, raconte Samia, professeur de droit à l’université de Tunis.

Dans sa propre famille –aisée-, cette universitaire remarque toute une série d’ ‘‘indices nouveaux et inquiétants’’. Un jour, sa nièce refuse d’aller dans une maison où i y a un chien, ‘‘parce que c’est impur et que ça empêche de faire les prière’’. Le jour suivent, une de ses amies décline son invitation à dîner, parce qu’elle sait qu’on va proposer de l’alcool. Dans les mariages, les femmes  arrivent de plus en plus souvent revêtues du hijab. A la prière du vendredi, les mosquées débordent. Et les séances de prières, ou l’on se retrouve le jeudi ou le vendredi, à dix ou vingt, au domicile d’un membre de la famille, sont de plus en plus fréquentes.

Cinquante ans après qu’Habib Bourguiba, le père de la Tunisie indépendante, eut accordé aux femmes l’égalité avec les hommes, les Tunisiennes sont confrontées à un sérieux défi : le repli identitaire qui touche, à l’heure actuelle, l’ensemble du monde arabo-musulman. Le port du voile, en augmentation – environ une femme sur quatre à Tunis, trois sur quatre dans les localités reculées – n’en est qu’un symptôme … »

Une semaine après ce reportage, le 11 octobre, le président Ben Ali rencontrera son ministre des affaires religieuses et réaffirmera son refus de ‘‘l’habit sectaire’’ en appelant ses concitoyens à abandonner ce phénomène importé et à adopter l’habit traditionnel tunisien.

***

Critiqués comme d’habitude par une presse arabe traditionaliste, les membres du gouvernement ainsi que la presse tunisienne s’impliquent fortement dans l’affaire et se lancent dans la guerre aux habits sectaires.

C’est ainsi qu’au cours des meetings politique organisés par le RCD (au pouvoir), les membres du gouvernement se sont attachés à dénoncer l’influence du Machreq sur la société tunisienne.

M. Abdelwaheb Abdallah, ministre des affaires étrangères, a relevé, dans un meeting à Nabeul « le danger que représente la tenue vestimentaire d’inspiration sectaire, étrangère à notre pays, notre culture et nos traditions, habit qui est en lui-même un slogan politique affiché par un groupuscule qui se dissimule derrière la religion pour réaliser des desseins politiques ».

Quant au ministre de l’intérieur et du Développement local, M. Rafik Belhaj Kacem, a souligné que « la Tunisie rejette toutes sortes d’extrémismes qui sont des intrus dans notre société et n’ont aucun lien avec nos traditions et les préceptes de notre religion bénie, et dont, en particulier, l’habit sectaire qui est un signe distinctif d’une frange dure et renfermée sur elle-même et le symbole d’une appartenance politique qui se cache derrière la religion qui en est innocente, qui cherche à faire revenir la réalité de la société aux ères très anciennes et à spolier la femme de ses droits et ses acquis. »

La presse tunisienne a été aussi unanime sur la question, « Non à l’uniforme sectaire !! » avait lancé Manoubi Akrout dans une tribune publiée dans Le Quotidien du 14 octobre :

« Nous refusons l’embrigadement des femmes tunisiennes qui sont, en vérité, une moitié à part entière de notre société. Ni leur niveau de progrès, ni leur personnalité, ni encore leurs ambitions légitimes ne l’autorisent. Car, en Tunisie, des centaines de femmes sont ministres, députées, membres de la Chambre des conseillers, ambassadrices, PDG d’entreprise publiques, présidentes d’organisations nationales, présidentes de Conseil d’administration de banque, PDG de groupe de presse, médecins, avocates, officiers du service actif, pilotes de ligne… Elles se dévouent dans le secteur associatif, dans le domaine caritatif, dans le soutien des plus défavorisés… elles sont la colonne vertébrale de la famille et celles qui assument la moitié de la responsabilité de l’éducation des enfants… (…)

C’est pour tout cela que la Tunisie a dit, calmement mais sans équivoque, ‘‘Non’’ à ce signe ostentatoire d’embrigadement. Cette attitude est d’ailleurs un devoir incontournable pour le pays qui vient de fêter le 50ème anniversaire d’un Code du statut personnel exemplaire où la femme est considérée et protégée de la manière qu’elle mérite. (…) »

Le Temps consacrera un dossier complet à l’affaire dans son numéro du 16 octobre avec une interview du ministre des affaires religieuse, des témoignages de jeunes étudiantes voilées ainsi qu’un article de Raouf Khalsi sous le titre : « Et si on ‘‘levait’’ le voile sur ses raisons profondes… » dans lequel l’auteur rappel le combat fait à l’islamisme par la Tunisie :

« Flash back. Bourguiba commet l’ ‘‘irréparable’’ aux yeux des prédicateurs du Machreq : il promulgue le Code du Statut Personnel. Et dans cette ferveur annonciatrice des grands bouleversements - là où, même, le meilleur devient possible – il ôte leur « sefsari » aux femmes tunisiennes. Les exégètes d’Al Azhar, les congélateurs idéologiques d’une ‘‘Chariaa’’ qu’ils interprètent au premier degré – refusant même, sans le montrer, de voir dans la Sunna et dans la conduite du Prophète, des signes d’un égalitarisme entre femmes et hommes – et, même, à l’époque, quelques imams zeitouniens y virent une dérive à connotations laïques.

En fait, si Bourguiba n’a jamais caché son admiration pour Attaturk, ce n’est pas tant pour la laïcisation brutale de la Turquie que pour ce nationalisme, ce sens de l’Etat qui permirent au leader turc d’en finir avec les fantasmagories de la Sublime Porte.

Or, dans son article II, la Constitution tunisienne stipule que la Tunisie est une République et que sa religion est l’Islam. Les Constitutionnalistes de l’époque évitèrent parcimonieusement cet amalgame « République islamique ». Le décor était planté et les règles bien définies : rigoureuse séparation entre le politique et le spirituel.

Novembre 1987. Le père de la Nation n’avait pas vu venir la vieillesse. Autour de lui, les intrigues florentines étaient poussées à leur paroxysme.

La course à l’après-Bourguiba n’avait pas de règles. Elle risquait de basculer… Et elle risquait, surtout, de faire basculer le pays dans le camp des intégristes, financés de l’étranger et qui s’abreuvaient – paradoxe incroyable, contradiction même ! – autant dans un extrémisme qui n’a rien à voir avec le « Wahabisme » que dans le sectarisme Chiite. Et soit dit, en passant, qu’aujourd’hui, nos ‘‘Emirs’’ sans émirats, ont trouvé la panacée : la connexion gaucho intégriste. Ce qui nous fait là un deuxième paradoxe, mais cette fois historique. Marx n’en reviendrait pas !

  Ben Ali sauve le pays. Il redresse l’Etat. Il réaffirme, solennellement toute séparation entre politique et religion : « Pas de parti religieux ». Il sauve Ghannouchi et « acolytes » de la potence que leur avait réservée Bourguiba ; il l’invite même à Carthage, dans le cadre d’un projet de réconciliation nationale. Et que répondent nos ‘‘Emirs’’ ? « Renverser le régime », rétablir la Chariaa, telle que « réécrite » par de plumes obscurantistes. Ben Ali persiste et signe. En guise de préambule indiscutable : le raffermissement du Code du Statut Personnel avec, chaque année, de nouvelles mesures pour conférer aux femmes un rôle plus soutenu dans la dynamique sociale, économique, entrepreneuriale et, même, dans les sphères des décisions politiques.

D’où vient alors que des femmes opprimées, peut-être, égarées, sans doute, endoctrinées, c’est évident, se remettent, aujourd’hui, à exhiber ces accoutrements qui n’ont rien à voir avec l’identité nationale ? « Réaction contre une excessive libération des mœurs », disent quelques barbus qui nos agressent à travers ces chaînes satellitaires sur Nilsat et Arabsat … Prédicateurs dont on eut dit qu’ils sortent d’un autre age alors qu’au nom d’Allah, les Talibans exécutent des femmes et qu’au nom du ‘‘Djihad’’, des adolescents sont dressées dans les ‘‘bonnes’’ règles de la culture des kamikazes.

Non, ces modèles sectaires importés ne nous feront pas revenir sur nos pas. (…) »

***

A part ce genre d’articles enflammés, le presse tunisienne n’a pas abordée la véritable question de fond  à savoir : le hijab est-il obligatoire pour la musulmane ?

Une seule exception, le journal La Presse en a consacré certaines tribunes dans lesquelles les intervenants ont déconstruit les fondements religieux de l’obligation du port du voile.

Je vous donnerai une lecture de ces tribunes dans ma prochaine livraison.

Une critique, une suggestion, un complément d’information ? … merci de poser vos commentaires

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Commentaires
N
http://tunisie-harakati.mylivepage.com<br /> <br /> J'ai du mal à comprendre que l'on puisse être si peu cultivé et instruit pour s'en prendre à une religion. La religion musulmane est tellement interprété à travers le monde qu'on lui donne tout les sens de la diabolisation avec le port du voile ou de tout autre vêtement. Il faut arrêter de tout confondre, de tout mélanger et surtout de rapporter la religion musulmane au secte ou au terrorisme. Le diable n'est-il pas en ceux qui font le mal au nom d'une raison, d'un intérêt ou d'une religion ?<br /> Le sens de la démocratie impose à chacun le droit de choisir sa tenue vestimentaire, sa religion, ces idées,.....du moment où cela ne nuise pas au droit des autres citoyens.<br /> Il est temps d'ouvrir les yeux et de cesser de se faire manipuler car du moment où l'on traite de ce sujet, on ne parle pas du tout des thèmes qui préoccupent le quotidien des tunisiens. <br /> <br /> http://tunisie-harakati.mylivepage.com
Z
Bonjour, <br /> <br /> Vous savez ce n’est pas le port de voile qui me fait peur, c’est le comportement de la plus part qui ne comprennent pas l’islam elles le mettent par peur d’aller l’enfer et ne pratiquent rien des valeurs de l’islam, un petit exemple après un Mariage des voilés pendant plus d’une heure critiquent la Mariée sa famille la baklawa tout quoi. Ça aurait pu durer plus longtemps si je ne les ai pas arrêtée on leurs disant vous allez toutes à l’enfer si vous continuez à vous comportez ainsi, un mariage ne peux pas être parfait, le manque d’argent la fatigue il faut être compréhensible. Malheureusement ce n’est pas que ça il ya beaucoup plus de sujet plus grave, je suis pour l’interdiction du Hijeb ce n’est pas notre culture.<br /> Zohra
A
J'aime beaucoup ce que vous avez écris...vous aviez su trouver les mots et les expressions exactes pour décrire les reverts de l'islam.
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