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Islamiqua | L'islam et son image
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7 août 2006

Islamisme : Pourquoi il triomphe ? (1)

Comme nous l’avons vu dans le dernier article, l’islamisme est entrain de gagner de plus en plus de places dans les divers Parlements en usant d’un discours moderne mais sans renoncer aux points les plus radicaux de son idéologie.

Or comme nous l’avons déjà vu avec le PJD marocain, le discours est une chose, la pratique est une autre.

A partir de ce numéro, nous effectuerons un voyage dans tous les pays ou il y a une forte présence islamiste et nous essayerons de dévoiler la réalité de ce discours.

Pour ce premier volet de cette enquête nous allons voyager en Egypte ou il y a la plus importante confrérie islamiste et la mieux organisée de tout le monde arabe.

Magdi Khalil qui décrypte le discours des « Frères musulmans » en Egypte depuis longtemps, nous présente ici la réalité du projet islamiste de la confrérie.

Double langage des Frères musulmans

Magdi_KalilDepuis la percée des Frères musulmans aux dernières législatives, ou ils ont raflé 88 sièges, les Coptes, mais aussi les femmes, les militants de la société civile, les progressistes, les milieux associatifs…, tous s’inquiètent et se posent des questions sur les buts de la confrérie. Ces derniers affirment qu’ils ne cherchent pas à établir un Etat religieux, mais simplement un Etat civil conforme aux normes islamiques ou encore une démocratie musulmane, mais j’invite à analyser leurs propres écrits. Il en ressort qu’ils souhaitent bel et bien l’instauration d’un Etat religieux.

Déjà, l’ancien guide des Frères Moustafa Mashhour présente son mouvement comme ayant le monopole de l’islam lorsqu’il explique que « ceux qui s’en prennent aux Frères s’en prennent à Dieu et à son Prophète ». Ensuite, Issam Al-Ariyan (membre de la jeune garde) écrit que « les Frères oeuvrent pour l’établissement d’une civilisation islamique régie par la foi en Dieu et qui permet à l’homme de rétablir son équilibre intérieur ».

Mais qu’est-ce qui lui permet d’affirmer que nous sommes déséquilibrés ?

Quant au guide actuel des Frères, Mohamed Mehdi Akef, il estime que la revendication d’une Constitution laïques « est absurde ». Elle pourra « provoquer la guerre civile en Egypte », ajoute son adjoint. Et Mashhour conclut : « Nous acceptons le multipartisme en l’état actuel des choses, mais, dans le cadre d’un régime islamique, nous le refuserons. »

Le principal slogan des Frères musulmans est « L’islam est la solution ». Définissant leur objectif, Mashhour affirme dans la presse « la restauration du califat ». Quant à la séparation des pouvoirs, elle doit se faire en conformité avec le Coran. Avec de telles déclarations, peut-on vraiment considérer qu’ils souhaitent instaurer un Etat ‘‘civil’’ ?

Sur le site du syndicat des journalistes égyptien qui leur est affilé, on peut lire ceci : « L’objectif de notre prédication est une réforme globale afin d’établir la loi divine, ce qui convient à ce bas monde comme à l’autre monde. » Pour conclure que « la tache consiste à former l’individu musulman, le foyer musulman et l’Etat musulman qui dirigera les autres pays musulmans ». Ce même site appelle aussi à  « épurer les médias de tout ce qui s’oppose à l’islam » et à instaurer une « économie musulmane » qui bannirait la pratique des intérêts, une éducation qui « se concentre sur l’apprentissage du Coran », un rôle des femmes « qui préserve leur chasteté », une vie culturelle conforme aux « sources islamiques » et à un « système politique dans le cadre musulman ». Voilà ce qui explique les peurs que les Frères musulmans font naître dans la société.

Chaque fois que j’ai interviewé leurs dirigeants, j’ai ressenti que nous ne vivions pas dans le même monde et ne parlions pas la même langue. Or ils s’appliquent à nous rassurer à grand renfort de mots verbeux. Manipulant les termes, cachant leur jeu, jouant sur les ambiguïtés, ils sont comme un poisson qui vous glisse entre les mains. On trouve de tout dans leur discours, qu’ils adaptent à la tête du client selon qu’ils ont affaire aux Américains, aux Coptes, aux femmes ou à Oussama Ben Laden. Mais ils ont toujours refusé de condamner les écrits de l’Egyptien Sayyid Qotb, le théoricien de la violence islamiste.

Quant aux peurs spécifiques des Coptes, il faut rappeler qu’à travers l’histoire ils n’ont jamais été traités par les pouvoirs musulmans comme des citoyens égaux. Les frères ont même émis une fatwa demandant que l’on interdise la construction de toute nouvelle église en Egypte (Al-Daawa, décembre 1980).

Ils n’ont jamais renié cette fatwa, et son auteur, Mohammed Khatib, est toujours membre dirigeant de la confrérie. Et Moustapha Mashhour avait ajouté une fatwa selon laquelle « les Coptes doivent payer une capitation plutôt qu’être enroulés dans l’armée, ou ils risquent de se solidariser avec l’ennemi en cas de guerre avec un pays chrétiens » (Al-Ahram Weekly du 13 avril 1997). Par la suite, il était revenu sur cette fatwa mais sans pour autant l’annuler en bonne et due forme. Dans la même logique, Mehdi Akef, après avoir contesté la réalité de l’Holocauste, était revenu sur ses déclarations, sans les retirer formellement. On se rappelle également les déclarations de Habib selon lesquelles les frères souhaiteraient instaurer une Constitution islamique qui interdirait aux Coptes de « se regrouper politiquement » et à tous les non musulmans d’accéder à un quelconque poste, que ce soit dans l’administration de l’Etat ou dans l’armée » (Azzaman du 17 mai 2005).

Après le tollé suscité par ces prises de position, Habib avait présenté des faux-semblants de concessions. « Nous considérons les Coptes comme des concitoyens jouissant de tous les droits que leur confère leur citoyenneté, y compris celui d’accéder à tous les emplois publics, à l’exception de la présidence de l’Etat » (Asharq Al-Awsat du 27 novembre 2005).

Or le problème ne réside pas dans le fait de constater qu’un Copte aurait du mal à se faire accepter en tant que président par les Egyptiens. Cela est une réalité sociologique. Le problème, c’est de fournir à cette réalité une justification théologique, puisque cela revient à vider l’idée d’égalité citoyenne de son contenu. Hassan Al-Banna (fondateur de la confrérie) écrivait qu’il y avait une « obligation de tuer les gens du Livre », c’est-à-dire les chrétiens et les juifs.

Magdi Khalil

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