Menaces pour l’auteur et les éditeurs d’un livre sur Aicha, l’épouse du Prophète
The JEWEL Of MEDINA (le Joyau de Médine), le livre que l’Américaine Sherry Jones a consacré à Aicha, la troisième épouse du Prophète est paru aux Etats-Unis milieu octobre et début novembre au Royaume-Uni. Après que Random House, filiale du géant allemand de la communication Bertelsmann, en a annulé la sortie en août (renonçant aux 100 000 dollars d’à valoir versés), une petite maison indépendante, Beaufort Books, a en effet repris le flambeau, faisant fi des menaces proférées ici ou là par des intégristes.
Des menaces à prendre au sérieux. Gibson Square, l’éditeur britannique de l’ouvrage, a été la cible, le 27 septembre, d’un attentat au cocktail Molotov.
Curieusement l’attaque a eu lieu vingt ans presque jour pour jour après la publication, à Londres, des Versets sataniques, qui valurent à Salman Rushdie une fatwa de l’imam Khomeiny le condamnant à mort. Dans les deux cas, c’est la liberté de création qui est la cible de ceux qui ont une vision étriquée de la religion musulmane.
Le livre, qui raconte l’histoire d’Aicha, mariée dès sa petite enfance au Prophète, avec lequel elle eut ses premières relations sexuelles à moins de 10 ans, s’appuie sur des faits reconnus par la tradition islamique. L’auteur a certes imaginé –de façon pudique- la première nuit d’amour entre les tourtereaux, mais sa biographie romancée semble empreinte du plus grand respect pour ces deux figures de l’islam.
Si l’on ne sait pas encore quel éditeur français se lancera dans l’aventure, le roman devrait paraître en Italie, en Allemagne, en Espagne, en Russie et au Brésil. Mais aussi au Danemark, où l’association des éditeurs (Trykkeselskabet) ne craint pas un remake de l’affaire des caricatures de Mohammed.
Aucun éditeur arabe n’a annoncé encore son intention de traduire et d’éditer le livre qui sera probablement interdit dans la majorité des pays du monde arabo-musulman.
© Islamiqua avec Jeune Afrique.