Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Islamiqua | L'islam et son image
Islamiqua | L'islam et son image
Archives
18 mai 2009

La définition du musulman et du dé-islamisé selon Mohammed Talbi

livre_TalbiSous le titre « Le dogme des dé-islamisés : l’islam est la maladie des cœurs, son abondant est leurs médecine et le chemin de la modernité » Mohammed Talbi présente et définit son ennemi sur le plan interne (à l’intérieur de l’islam). Il s’agit du dé-islamisé ainsi que sa doctrine (la dé-islamisation) qui voudrait fonder la modernité sur le détachement de l’islam. A cet ennemi l’auteur reproche plusieurs tares dont la plus importante est celle de ne pas prier, et fait découler deux graves conséquences à ce non respect de la pratique religieuse :

      1-     Il exclut les non pratiquants de la communauté des musulmans.

2- Il refuse de prendre en considération les idées que ces « dés-islamisés non pratiquants » peuvent formuler. (p. 33)

[ " إن كل من يرفض أن يوجه وجهه نحو القبلة ليس من أمتنا، وليس له أن يملي علينا كيف نضطلع بالحداثة، وكيف نمارسها ونتعامل معها " (ص 33) ]

Cette prise de position peu commune d’un universitaire comme Mohammed Talbi est extrêmement critiquable à partir du moment où l’auteur avoue sans aucune réserve que ce qui détermine l’importance qu’il accorde aux paroles de certains auteurs, penseurs, intellectuels… n’est ni leur objectivité, ni la véracité historique de leurs propos , ni leur force d’argumentation… mais c’est d’abord leur croyance et surtout leur observation de la pratique religieuse ! Ainsi Talbi fait de la pratique religieuse (et en particulier la prière) la première des conditions pour l’acceptation de toute observation sur l’islam.

Avec cette condition et les conséquences que l’auteur fait découler de son observation (ou non observation) nous voyons très clairement que Mohammed Talbi s’oppose farouchement à ce que les auteurs appellent « le musulman culturel » (généralement non pratiquant) qui ne serait aux yeux de notre auteur qu’un non musulman car pour lui tout musulman est par définition pratiquant. 

Talbi reproche à ces dé-islamisés le fait de vouloir transformé l’islam en une « identité historique ».

[ " الإنسلاخسلاميون يقلبون الإسلام من دين حر الى هوية تاريخية مفروضة، وهم صنفان: صريح ومقنع. كلا الصنفين لا يعتبران الإسلام دينا (...) كلا الصنفين يعتبران القرآن عملا بشريا، يجب أن ترفع عنه القداسة (...) كلا الصنفين يعتبران الإسلام هوية تاريخية, يعتبرانه إرثا تاريخيا، لا اختيار لهم فيه (...) كلا الصنفين لا يلتزمان الفرائض؛ ولا يتجنبان المحرمات. " (ص 35 ) ]

Mais tout de même, Talbi fait la différence entre 2 types de musulmans culturels, l’un peut être (non accepté mais au moins) respecté pour ses convictions à partir du moment où il est libre de pratiquer sa religion ou pas, mais l’autre n’a même pas le droit au respect à partir du moment où il a usé de son droit à la différence pour diffuser la doctrine dé-islamisée : ainsi l’auteur opère une distinction entre le dé-islamisé militant (qu’il faut combattre) et le dé-obéissant passif -mais toujours croyant- qui éprouve des remords causés par sa observation des pratiques religieuses et qui peut par conséquence se repentir et revenir à Dieu .

[ " العصاة يحتفظون بضمير تأنيبي. أولائك يقسم بهم الله، لأن الإيمان لم يغادر قلوبهم، بل بقي حيا بها، يبقى حظهم متوفرا، كاملا يوم القيامة. يقول الله في شأنهم في سورة القيامة : " لأقسم بيوم القيامة ؛ ولأقسم بالنفس اللوّامة ". العصاة نفوسهم لوامة، يرجون التوبة والرجوع الى الله، وباب التوبة مفتوح، والله تواب غفور رؤوف رحيم حليم. العصاة من الأمة، والشفاعة إنما جعلت إليهم وتشملهم.

الإنسلاخسلاميون نفوسهم ليست لوامة. فهم يرفضون الفرائض وتجنب المحرمات، رفضا مقصودا واعيا، بحكم انسلاخهم عن الإسلام انسلاخ رفض كل اعتقاد مهما كان نوعه. فهم نفاتيون، ينفون الإيمان أصلا وتفصيلا، وكدلك كل أنواع الإعتقادات. فهم لايختلفون عن غيرهم من النفاتيين غير المعتقدين، الا بإرثهم الإسلامي التاريخي، اللاصق بجلدتهم التصاقا خارجا عن ارادتهم، لا يستطيعون التملص منه."  (ص 35- 36 ) ]

C’est donc le dé-islamisé militant qui sera l’objet de la croisade de Talbi, qui considère même que sa guerre est un devoir imposé à tout musulman. (p. 37)

Et c’est d’ailleurs pour combattre cet ennemi que Talbi a décidé d’écrire ce livre étant donné que ce dé-islamisé userait des mensonges en essayant de convaincre les gens de sa thèse (selon laquelle l’islam ne serait autre qu’une identité culturelle démunie de toute obligation) et par voie de conséquence de les conduire à l’abime. Ainsi nous relevons Le (premier) reproche que l’auteur fait au dé-islamisé : c’est le fait d’exprimer ses convictions et d’essayer de convaincre les gens de la véracité de ses prises de positions.

Voilà donc comment en l’espace de quelques pages Talbi définit le but principal de son livre : à savoir combattre ceux qui se définissent comme musulmans non pratiquants et qui -en même temps- essayent de rallier le plus grand nombre des musulmans (pratiquants) à leur cause.

Parmi ces dé-islamisés « qui ne méritent pas notre respect » (p. 37), l’auteur cite Salman Rushdie et « ses semblables » qui -sous prétexte de liberté de pensé et de culte- ont porté atteintes à l’islam et irrespect aux musulmans.

Ces dé-islamisés ne peuvent prétendre à être musulmans car ils ne correspondent pas à la définition donnée par Dieu au musulman dans le Coran : « Voici le livre par excellence, sans nul doute, direction pour ceux qui craignent Dieu, qui croient au monde invisible, s’acquittent de la prière et qui dépensent en aumônes une partie des biens que nous leur accordons, qui croient en la Révélation qui t’est faite, comme en celles qui l’on précédée, et sont convaincu de la vie future, Ceux la sont dans la voie de Dieu : eux seuls seront les bienheureux. »  (La Vache, 2 : 1-5) 

Et l’auteur de nous dire que celui sur lequel ne s’applique pas cette définition divine ne peut être considéré comme un musulman et d’affirmer que ce jugement est celui de Dieu et non le sien (!) avant de se contredire quelques lignes plus loin lorsqu’il soutiendra que nul n’a le droit de faire entrer ou sortir les gens de l’islam et par conséquent, nul n’a le droit de juger leurs ‘‘islamité’’ ou leurs apostasie. (p .39)

[ " آلم. دلك الكتاب لا ريب فيه هدى للمتقين. الدين يؤمنون بالغيب، ويقيمون الصلاة، ومما رزقناهم ينفقون. والدين يؤمنون بما أنزل إليك، وما أنزل من قبلك، وبالآخرة هم يوقنون. أولائك على هدى من ربهم، وأولائك هم المفلحون" (البقرة، 2 : 1 – 5)

إن من لآ ينطبق عليه قول الله هدا، ليس بمسلم، مهما تقنع ودلس، والقول قول الله، لا قولنا، فلا مراء فيه ولا جدال (...) ليس طبعا الحق لأي إنسان أن يٌدخل في الإسلام أو أن يٌخرج منه ؛ ليس له الحق في الحكم بإسلام هدا وتكفير داك. فالله بمفرده له الحق في أن يقول من المسلم. وحيث أن هدا الحق حق الله ، فنحن قد أوردنا قوله، وقوله الفصل لآ معقب عليه." (ص 38 – 39) ]

Mohammed Talbi veut donc nous faire croire que le fait de qualifier certains de dé-islamisés et de non musulmans, n’est point un jugement personnel de sa part mais plutôt un jugement divin qui ne souffre aucune contestation, et ce parce que ces derniers ne correspondraient pas à la définition du musulman donnée par Allah.

Talbi ne serait il pas entrain de nous dire qu’il serait le porte parole de la volonté divine et que –par voie de conséquence- ses jugements ne peuvent être contestés ?

Je n’ose pas affirmer tout de suite cette hypothèse car une telle affirmation vaudrait dire que Mr Talbi a définitivement laissé tomber son statut de libre penseur, d’historien et d’islamologue pour épouser celui de religieux rigoriste pour ne pas dire… autoritaire.  Car comment peut on qualifié quelqu’un qui prétend détenir la vérité selon la volonté divine ? 

▪▪▪

Ainsi, le Talbi qui se dégage des premières pages de ce livre est tout à fait méconnaissable : Lui, l’historien qui ne juge que par les éléments tangibles et qui connaît ce dont les hommes ont fait à la réalité historique, le voila qu’il refuse d’entendre les arguments non seulement des non musulmans mais aussi des musulmans qu’il qualifie de dé-islamisé, et ce pour l’unique raison de la probable non observation par ces derniers des pratiques religieuses (et en premier lieu de la prière), faisant ainsi de l’accomplissement de la prière l’une des conditions scientifiques de la validité des paroles de toute personne !

Lui, le libre penseur, qui connaît ce dont les réformistes et autres contestataires dans l’espace arabo-musulman souffrent, le voilà qu’il déclare ceux qui veulent se présentés comme des musulmans d’identité ou de culture comme des dé-islamisés, des non musulmans qui ne mériteraient aucun respect. L’auteur sait-il seulement (et je suis persuadé qu’il le sait) ce que de telles propos peuvent engendrer à l’encontre de ces « dé-islamisés » ?

▪▪▪

Une fois ses ennemis définis, voilà que Talbi est prêt à lancer sa croisade contre les tenants de « la doctrine dé-islamisée », et il n’épargnera surtout pas Abdelmajid Charfi, qu’il considère chef de file de ce mouvement, et qui aura droit à tout un chapitre (d’une soixantaine de pages) pamphlétaire. 

A suivre…

A lire aussi sur Islamiqua :

- Lecture dans le « testament » de Mohammed Talbi

- Talbi, libre penseur de l’islam

- « Il faut choisir entre la charia et l’islam » (1)

- « Il faut choisir entre la charia et l’islam » (2)

Publicité
Commentaires
A
Il est tellement rare de lire des posts raisonnables, pertinents et logiques sur ce blog, où n'importe qui écrit n'importe quoi sous pretexte de vouloir changer, réformer, mettre à niveau..et que sais-je encore.<br /> Mais heureusement qu'il ya encore de nos jours des gens nullement dupes!! hamdouléllah.<br /> Donc merci Sadek.<br /> Je me permettrais juste d'ajouter ceci : <br /> إن الله لا يغير ما بقوم حتى يغيروا ما بأنفسهم
S
La liberté est devenue une notion superficielle à notre époque. Ce qui a pour triste conséquence qu'on finit par revendiquer uniquement la forme (le droit de parler) mais pas le fond...Le résultat ne saurait être productif à ce niveau car après tout , nous sommes tous en mesure de dire n'importe quoi...<br /> <br /> Vouloir réformer l'Islam en coupant sa relation avec les Textes ou dénigrant/méprisant l'apport des savants du passé au nom du modernisme ne peut que constituer une trahison envers le message divin et notre histoire. Par ailleurs on pourrait dire la même chose si on venait à considérer qu'il suffisait de copier-coller une époque glorieuse sur la notre sans considération pour la réalité actuelle...Toujours est-il que cette démarche rigoureuse et juste se doit d'être encadrer au travers d'une seule et unique motivation : l'adoration d'Allah. Nous n'avons pas la capacité d'ouvrir les poitrines et de lire les coeurs...mais dans cette clairvoyance qui est la notre nous avons la possibilité de reconnaître le discours sincère de l'opportuniste...<br /> <br /> Il ne suffit pas de dénoncer les pratiques extrêmes et radicales comme nous avons l'habitude de les voir...mais aussi celles qui nous invitent au délaissement de nos pratiques et foi. Donc si des discours de ce genre il y a...Ils doivent faire preuve d'une condamnation de notre part au même titre que les autres.<br /> <br /> Le monde arabo-musulman ne se relèvera pas tant qu'il n'avancera pas avec SES valeurs , tant qu'il ne sera pas éduqué et instruit dans SA langue , et vivant avec SA culture. Il ne tient qu'aux peuples de se réveiller car après tout ce n'est pas la richesse matérielle , intellectuelle et humaine qui nous manque...
J
Bonjour,<br /> <br /> <br /> Si nous sommes attachés au monde arabe et à son avenir, son renouveau alors OUI il faut lui souhaiter la désislamisation comme il y a eu une dénazification et une déstalinisation …<br /> <br /> Je reviens sur le dernier cas.<br /> <br /> RFA, des Allemands …<br /> <br /> Et RDA les mêmes Allemands.<br /> <br /> Et pourtant un pays ruiné dans le dernier cas …<br /> <br /> Nous avons le même cas avec l'Islam, cette doctrine cruelle et surtout fausse …<br /> <br /> Égypte: 10% de Coptes Chrétiens () réalisent 30% du PIB !<br /> <br /> (Sans compter le martyre qu'ils subissent de la part des Musulmans, l'affaire des porcs est une illustration récente de ce fait).<br /> <br /> La visite du Pape a permis de lire dans la Presse d'autres chiffres.<br /> <br /> Jordanie:3% de Chrétiens (relativement libres ceux-là) réalisent 25% du PIB !!!<br /> <br /> Pourtant ce sont les mêmes citoyens jordaniens !<br /> <br /> L 'Islam apparaît donc bien comme le premier ennemi du monde arabe et de son développement.<br /> <br /> Aussi l'ambition de ce blog de vouloir un renouveau arabe fondé sur une réforme de l'Islam est une foutaise, une contradiction dans les termes …<br /> <br /> <br /> Amitiés.
M
Je suis très surprise de lire ça. Il fût un temps où je me reconnaissais dans les idées de Mohamed Talbi pour son ouverture, sa liberté et son pragmatisme. J'ai l'impression qu'un vent de rigueur a soufflé sur sa pensée et fermé bien des portes de dialogue. Non pas que je n'accepte pas qu'il émette des critiques plus ou moins dures, mais l'esprit que je distingue derrière me semble à moi aussi tout à fait méconnaissable :/ ... dommage
G
Le pire c'est que certaines positions de Talbi font de lui un dé-islamisés - autant que ceux qu'il critique - aux yeux des mouvances plus conservatrices
Islamiqua | L'islam et son image
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité