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Islamiqua | L'islam et son image
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16 mars 2009

C'est quoi une religion ?

C’est avec cette question que le Doyen Sadek Belaid a commencé son rapport de synthèse du colloque « Droit, pouvoir et religion » organisé du 5 au 7 mars dernier à Gammarth par l’Association Tunisienne de Droit Constitutionnel.

A cette question, notre Doyen donnera la réponse suivante : une religion c’est l’addition d’un ensemble d’éléments : une communauté + un dogme + une transcendance + un rituel + une finalité (l’au-delà). 

Mais selon Mr Belaid, ce qui importe ce n’est pas la religion telle qu’il définit mais la relation de cette dernière avec le droit et le pouvoir. Dans ce sens, en supposant l’existence de liens entre ces trois entités, la religion se transforme en une idéologie de pouvoir.

La religion telle que nous la connaissons aujourd’hui est elle à l’état pure (sans aucune relation avec le pouvoir ou le droit) ou bien s’est elle effectivement transformée en un phénomène politique à partir du moment où elle est entrée en concurrence avec le droit et le pouvoir afin d’asseoir sa notoriété ?

C’est cette question, en d’autres termes, qui fut posée par la professeure Sana Ben Achour lors des débats au cours du colloque. En se limitant à l’exemple de l’islam, Mme Ben Achour avait posé une question sur le moment historique de ce qu’elle a appelé la crispation entre droit, pouvoir et religion : quant est ce que ces trois entités sont elles devenues concurrentes ou même antagoniques ?

Nous trouverons les réponses à toutes ces questions dans la brillante communication du professeur Mohamed Haddad qui nous a présenté -entre autres choses- sous le titre « Pour une critique de la raison juridique dans la pensée islamique » l’évolution du rôle des fouquahas en islam qui se trouverait à l’origine de la création de cette crispation entre religion, pouvoir et droit et qui a fait que l’islam pur a laissé sa place à un islam idéologie de pouvoir.

Selon Mr Haddad, au départ, le travail du Faqih se limitait à l’explication du texte (coranique) et la grammaire du discours. Mais à partir de la constitution des cités dans l’empire islamique, le pouvoir en place avait besoin de personnes pour juger les problèmes sociaux : ce fut alors la création de l’institution de khada (justice) qui sera très vite laissée aux fouquaha qui n’appliqueront dans leurs jugements que ce qu’ils connaissent par cœur : le texte coranique. Se posera très rapidement alors le problème des questions qui ne trouvent pas de réponses dans le Coran. La solution qui sera proposée s’appelle « le raisonnement par analogie » qui n’admet pas la rupture et qui considère qu’il existe toujours un cas auquel il faut se référer. Or, ce raisonnement qui ne permet pas de distinguer le moderne de l’ancien et qui n’accepte aucune évolution est selon Mr Haddad la cause de la crispation entre religion, pouvoir et droit.

Cette crispation sera développé au fur et à mesure du développement et de l’extension du religieux et ce jusqu’à nos jours où les fouquahas continuent à vouloir voir la religion s’appliquer à tous les aspects de la vie du croyant. Un but qu’ils poursuivent depuis les mosquées où ils prêchent hebdomadairement devant des millions de croyants jusqu’aux chaînes de télévisions religieuses inspirées des évangélistes.

Que faut-il faire alors ?

Deux solutions sont proposées ; l’une par le professeur Haddad et l’autre par le professeur Hamadi Redissi. Pour ce qui est de Mr Haddad, il demande aux juristes de réagir face aux imams de toute part et ce en travaillant sur la vulgarisation des termes juridiques et en se réappropriant le Droit confisqué par ces cheikhs (Une entreprise qui s’avère difficile selon les dires même du professeur car si un juriste fait une conférence pour quelques dizaines d’intéressés, des milliers d’imams font des milliers de prêches hebdomadaire pour des millions de croyants…).

La deuxième solution est un peu plus radicale et elle est proposée par le professeur Hamadi Redissi qui ne trouve d’issue que dans la sécularisation de la société, considérant que « la sécularisation est une décontamination de ce qui a été contaminé par le sacré ».

Voir aussi sur ce sujet : droit, pouvoir et religion

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Commentaires
M
La religion dans sa pureté est une force motrice très nécessaire pour la cohésion de notre societé,mais dès lors que les sentiments personnels et subjectifs se sont melés,alors la religion est devenue aujourd'hui pire encore une source des bavures dans la societé;jusqu'à la cassure complète entre les communautés qui autrefois vivaient paisiblement.<br /> Nous pensons que de toute part,les leaders religieux et détenteura des differentes doctrines devraient plus de passer de leurs jugements personnels pour laisser parler la voix de la raison,le socle et le fondement de la base de leurs religions.<br /> <br /> La societé actuelle devrait puiser dans la religion la pensée pure pour l'orientation des actions,mais dès lors que le pouvoir corrompt la religion,nous voici parti pour des conflits qui déchirent la societé,et la plus part de ces conflits tournent autour des interets personnels.<br /> <br /> Il serait mieux que chacun rentre dans son role,le politique dans sa politique,la religieux dans sa religion mais les deux dans dans une complétarité.
B
n'est pas celle qu'on croit...<br /> <br /> Le projet de sécularisme a déjà bien avancé dans biens des pays arabo-musulmans, et il n'a pas été possible sans un réel progrès de bien être pour tous.<br /> <br /> Aujourd'hui le projet de séculariser encore davantage ne corresponds pas à un mieux être.<br /> Les acquis légaux en terme de droits humains ne sont même pas respectés...<br /> <br /> La solution de se réapproprier les textes juridiques religieux par des laiques me semblent la meilleure approche. Mais en même temps, c'est faire de l'instrumentalisation du religieux par le politique... Ce qu'on appelle réformisme d'un coté et islamisme de l'autre... Et ça s'est toujours fait : interpréter d'un point de vue progressiste. Alors je ne vois pas trop en quoi c'est difficile...<br /> <br /> Quant à la désacralisation du politique c'est surtout cantonner la politique et le droit à la petite minorité de personne dans le monde arabo-islamiques qui ne vit pas en fonction des préceptes religieux. Le nombre des personnes qui font totalement abstraction de la Loi divine est faible... Leur faire croire que leur façon de penser deviendra la façon de penser du politique et du droit est farfelu.<br /> <br /> Le parti du sécularisme revient donc à pactiser (par la passivité ou la collaboration active) avec ceux qui veulent contraindre à un Islam prétendu "des Lumières" par la force, car c'est nier un pouvoir politique à la grande majorité de la population.<br /> <br /> Toujours le même dilemne : démocratie populiste ou despotisme éclairé ?<br /> <br /> Il serait temps de passer à d'autres questions...
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