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Islamiqua | L'islam et son image
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5 février 2009

Les difficultés d’enracinement du libéralisme dans le monde arabo-musulman

colloque_liberalisme_2Au cours de la 3ème séance du colloque « le libéralisme et les nouvelles contraintes de l’action politique », le professeur Hatem M’rad, président du Département de Droit Public et de Science Politique et organisateur de l’événement, a retenu l’attention de l’auditoire avec les explications qu’il a avancé pour les difficultés d’enracinement du libéralisme dans le monde arabo-musulman.

Quels sont les obstacles ?

4 obstacles majeurs sont à l’origine des difficultés d’enracinement du libéralisme dans le monde arabo-musulman :

1- Un pouvoir historiquement omniprésent :

Ainsi, en remontant aux premiers moments de l’Etat islamique, M. M’rad considère que le pouvoir dans le monde arabo-musulman a connu trois temps : le premier, celui du Prophète et des 4 califes Bien guidés était caractérisé par la combinaison du religieux et du séculier. Une situation  à laquelle il sera mis fin avec l’avènement de la dynastie Omeyade : désormais on passe à une monarchie et le pouvoir devient exclusivement séculier mais continu d’avoir un rôle omniprésent dans la société.

A ce deuxième temps se succédera un troisième qui verra le jour avec les vagues de décolonisations. Après l’indépendance, les pays arabo-musulmans mettront en place des régimes « néo-patrimoniaux » : même si l’Etat n’est plus le propriétaire du pays et de ses habitants, les titulaires du pouvoir continuent de disposer de vastes réseaux leur permettant de pénétrer aux sphères individuelles et publiques et de garder ainsi un pouvoir omniprésent.   

2- La présence massive de l’islam :

M. M’rad considère que, dans le monde arabo-musulman, le temporel est toujours sous la tutelle du spirituel et même ceux qui appellent à la séparation de l’Etat et de la religion ne le font qu’à demi mot. En effet, ce modernisme dont parlent certains comme Abdallah Al Aroui, Hichem Djait ou Mohamed Abed Al Jebri, reconnaît un rôle important à la religion. Ces penseurs ‘‘libéraux’’ utilisent toujours des Sourates afin d’avancer leurs thèses. Chose que le professeur M’rad considère contradictoire avec les principes du libéralisme, d’où sa conclusion selon laquelle « ces penseurs ne peuvent être considérés réellement comme des libéraux. »

Evoquant à cet égard les réformes libérales du président Bourguiba (en particulier l’interdiction de la polygamie, l’interdiction de la répudiation, l’instauration du divorce devant le tribunal, la réforme de l’université religieuse de Zitouna …), M. M’rad considère que « Bourguiba était un vrai libéral car il a osé s’attaquer à des principes auxquels on n’a jamais osé s’attaquer ».   

Nous avons à cet égard interpellé le professeur M’rad pour lui rappeler que Bourguiba a son tour utilisait des textes religieux afin d’expliquer certaines de ses réformes et que, partant de ce constat, on pourrait aussi dire que ‘‘le combattant suprême’’ n’était pas non plus libéral. M. M’rad nous a fait savoir que selon lui, Bourguiba -président à l’époque d’une nation a majorité analphabète- ne pouvait que recourir aux textes religieux -intelligibles et acceptables par ces concitoyens- afin de réaliser ses réformes. Ce recours n’avait pas de but religieux mais plutôt des impératifs sociopolitiques.

3- La morale du groupe et non celle de l’individu :

  Comme troisième obstacle à l’enracinement du libéralisme dans les sociétés arabo-musulmanes, M. M’rad évoque le fait que ces sociétés ne reconnaissent pas l’individu. L’individu ne peut exister qu’à l’intérieur d’un groupe qui lui dicte ce qu’il doit faire et ce qu’il ne doit pas faire. Et ce groupe (la société) est guidé par les teneurs du discours religieux qui sont appuyés par les innombrables chaînes religieuses qui diffusent à longueur de journées « une interprétation militante et populaire de l’islam » au point que les défenseurs du religieux et en particulier du Wahhabisme sont devenus aujourd’hui de véritables stars de télévisions.

Ainsi, l’individu se trouve face à une censure religieuse qui s’ajoute à celle politique et qui fait de lui un simple imitateur de la morale du groupe.

4- L’absence d’une bourgeoisie autonome :

L’absence d’une bourgeoisie autonome du pouvoir politique dans les pays arabo-musulmans (contrairement au cas en Occident) et l’existence d’une connivence et même d’une alliance entre la bourgeoisie et le pouvoir est selon M. M’rad le 4ème obstacle qui explique la difficulté d’enracinement du libéralisme dans le monde arabo-musulman.

▪▪▪ 

Le journaliste tunisien Ridha Keffi était présent aussi au colloque et son intervention sur le « Voile islamique : soumission ou libération » a suscité plusieurs interrogations.

A suivre dans la prochaine partie de notre dossier.

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Commentaires
S
A reforme la religion. En effet, Bourguiba a applique une autres interpretation de la religion. Il a libere la femme, tout en restant dans le cadre du religieux. Bourguiba etait liberal certe, mais il a use du religieux lui aussi. <br /> <br /> Je crois que le liberalisme de Mr Mrad revient tout simplement a l'irreligieux. Liberal, provient de liberte. Les gens sont libres de choisir leurs sources d'inspirations: la religion, ou autres ideologies et doctrines.<br /> <br /> En realite, ce liberalisme que certains Arabes nous le pretendent aujourd'hui, c'est tout simplement du communisme masque. Liberalisme et laicite n'ont rien a avoir l'un avec l'autre. Avec tous mes respects aux professeurs du campus. Je me permet de dire que Mr Mrad raconte n'importe quoi. Il aurait du lire Ibn Khaldoun avant de parler de liberalisme.
S
Je ne comprends pas votre approche du liberalisme. A propos de la bourgeoisie ce sont les bougnoules du pouvoir. Meme en Europe, regardez les clans qui appuient Zakozy en France: Bouygues, LaGardere, Dassault, ... Et beaucoup d'autres grands milliardaires et richissimes.<br /> <br /> Meme chose aux USA!!
3
En Afrique y a des églises qui sont construites en forme de mosquée, comme ça si un musulman essaie d'entrer pour faire la prière, ils essaient de le convertir et puis ils lui expliquent que c'est un peu pareil et ainsi de suite...
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