Après le putsch, où va la Mauritanie ? : 1 - La culture démocratique
Nous avons déjà évoqué sur ce blog la question de la démocratie dans le monde arabo-musulman à plusieurs reprises et nous revenons encore une fois à la charge pour parler de La Mauritanie, pays sur lequel nous avons placé beaucoup d’espoir en espérant qu’il intégrera le club très fermé des régimes arabes démocratiques.
Malheureusement, notre déception a été à la hauteur de nos attentes lorsque 15 mois seulement après avoir laissé le pouvoir aux civils -suite à des élections assez transparentes- l’armée a préféré reprendre le pouvoir « pour venir à bout des dérives du nouveau régime ».
Malgré tout ce qu’on peut reprocher au régime renversé de Sidi, on ne peut expliquer le renversement d’un pouvoir élu démocratiquement que par le manque d’une certaine culture démocratique dans ce pays (comme dans le reste du monde arabe) et plus précisément à l’intérieure de l’institution militaire.
Et nous serons réconfortés dans cette idée par les raisons évoquées par les militaires pour expliquer leurs actes (renversement du régime, mise en résidence surveillée du président de la république et de certains de ses proches collaborateurs, poursuites judiciaires contre certain membres de sa famille …).
Ainsi, les putschistes évoquent :
1 - L’incompétence du nouveau régime à faire face aux problèmes économiques du pays (pauvreté, augmentation des prix des matières de base, chômage …).
2- Le népotisme (avec la nomination par le président de certains de ses amis et des membres de sa famille dans des postes de responsabilité).
3- Le fait d’avoir refusé la constitution d’une commission d’enquête autour des activités et du financement d’une association dirigée par l’épouse du président de la république.
Peut on renverser un régime démocratiquement élu pour ces raisons ?
La réponse me semble être évidement négative : On n’a pas donné assez de temps au nouveau régime pour se mettre au boulot ; On n’a pas donné à l’équipe de Sidi le temps qu’il lui faut pour montrer ce dont elle est capable.
En 15 mois, aucune équipe gouvernementale ne peut rétablir un pays classé parmi les plus pauvres de la planète.
Et puis, si le résultat du travail de cette équipe est jugé insuffisant ou décevant, la mission de sanction reviendra au peuple mauritanien qui -lors des prochaines élections- n’hésitera pas à faire savoir à cette équipe qu’il est déçu par son travail.
Autrement dit, les militaires n’ont rien à faire dans ce processus, l’institution militaire n’a pas la mission d’ « empêcher les dérives internes de la démocratie », sa tache se limite à défendre la démocratie de toute intervention extérieure.
Cela dit, si l’on veut trouver réellement une explication pour ce qui est arrivé en Mauritanie, on ne peut s’empêcher de constater la faiblesse et peut être même l’inexistence d’une véritable culture démocratique.
Malheureusement, on a fait croire aux citoyens mauritaniens que la démocratie leur apportera du pain, du travail et le bonheur extrême !
15 mois après, ne voyant rien venir, ces derniers –ou beaucoup d’entre eux- n’ont pas hésité à soutenir le putsch renonçant par là même à l’un des acquis les plus importants de toute leur histoire : le droit de choisir librement leurs représentants ainsi que leurs président et le droit (et le devoir) d’assumer les conséquences de ces choix.