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Islamiqua | L'islam et son image
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6 juillet 2008

Le pourquoi de l’urgence de la révision des hadiths du Prophète

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La tradition prophétique constituée des gestes et propos attribués aux Prophète nécessite une intervention en urgence et une révision générale. Malgré qu’une telle prise de position puisse choquer plus d’une personne dans le monde arabo-musulman, les extraits suivants du livre du professeur Abdelmajid Charfi (L’islam entre le message et l’histoire) expliquent le pourquoi de l’urgence d’une telle révision en profondeur des hadiths attribués au Prophète de l’islam.

H.B

l_islam_entre_le_message_et_l_histoireIbn Khaldun, dans le chapitre qu’il a consacré aux sciences du hadith, rapporte fidèlement à propos d’Abu Hanifa (m.150H.) : « On dit que le nombre des traditions qu’il transmit se monta a environ dix-sept, ou à cinquante selon un autre rapporteur » ; que « le nombre des traditions saines possédées par Malik (m.150H.), et qu’il consigna dans le Muwatta, est d’environ trois cents » ; qu’Ibn Hanbal (m. 241 H.) « Inséra trente mille (d’autres version disent : quarante ou cinquante mille) des siennes dans son Musnad ». Et Ibn Hanbal écrit à propos du Musnad : « Dans ce livre, j’ai fait un choix parmi sept cent cinquante mille hadiths. »

Ibn Khaldun a noté, en sa qualité d’historien, cette constatation toute simple dans son expression, mais grave dans sa signification, et qui échappe généralement à ceux qui défendent la valeur probante de la Sunna et du hadith. Peu importe qu’il élude les raisons de cette énorme variation dans le nombre des traditions authentiques : il se contente de répéter ce qui est enraciné dans la mentalité islamique depuis que les « tenants du hadith » ont la situation bien en main, imposant à tous leur vision.

Ce qui nous intéresse en revanche, c’est cette prolifération monstrueuse du hadith « authentique », entre la première moitié du IIe siècle et la première moitié du siècle suivant : de dix sept à trente ou quarante mille ! Ces simples chiffres ne suffisent-ils pas à faire planer le doute sur l’authenticité des faits et gestes attribués au Prophète, quand tout cela est rapporté selon une seule filière ?

L’invention prit de telles proportions que le travail entrepris par al-Bukhari, Muslim et les auteurs de recueils du IIIe siècle de l’Hégire ne servit à rien. Le recours aux hadiths était une nécessité sans laquelle l’activité des fuqaha, n’aurait jamais pu être menée à bien. Quand al-Chafi (m. 240 H.) dépensa toute son énergie pour donner une base solide à la Sunna, il ne faisait que défendre une vision particulière de l’ordre social, pour laquelle il avait besoin d’une justification religieuse que le Coran ne lui fournissait que dans des limites très étroites, tandis que le hadith pouvait le faire, grâce à la ferveur collective inconsciente qu’il suscitait.

Quant à la minorité qui s’opposait à cette entreprise, elle disparut bien vite, emporté par les flots contraires. Nous ne savons pas si leurs positions furent consignées par écrit, nous ne savons même presque rien ni de leur personnalités, ni de leur nombre, ni de leur importance. Sur leur existence, nous n’avons que ce qu’en dit al-Chafi, citant l’un d’eux dans le chapitre « Jima al ilm » de son ouvrage al-Umm.

Cet Opposant, « savant réputé dans son école de pensée », lui aurait dit : « A propos d’une chose prescrite par Dieu, comment peux-tu, comment quelqu’un peut-il dire, tantôt : l’obligation est générale, tantôt : elle est particulière, tantôt : l’injonction entraîne une obligation, tantôt : elle est seulement indicative, ou encore : elle indique une permission ? Très souvent, la différence d’appréciation que tu portes vient d’un hadith que tu rapportes d’après Untel, d’après un autre, d’après un autre encore, ou bien de deux ou trois hadiths, pour remonter en fin de compte au Prophète.

S’agissant de ceux que vous mettez en avant pour leur crédibilité et leur capacité à mémoriser, je vois que, toi-même et ceux qui suivent ton école, vous n’en disculpez aucun d’erreur, d’oubli ou d’inexactitude dans la transmission du hadith. Bien plus, je vois que vous affirmez à propos de nombre d’entre eux : Untel s’est trompé dans tel hadith et Untel dans tel autre. Je vois que vous dites encore : si quelqu’un affirme, a propos de tel hadith connu des seuls spécialistes et au nom duquel vous déclarez telle chose illicite ou licite : L’Envoyé de Dieu n’a point dit cela, l’erreur et le mensonge viennent de vous ou de ceux qui vous l’ont rapporté, vous ne lui demandez pas de se repentir, mais vous vous contentez de dire : c’est mal, ce que tu dis ! Est-il donc permis d’établir une discrimination entre les préceptes du Coran (alors que, pour les auditeurs, le sens obvie ne comporte point de différence), sur la base d’une information rapportée par ceux que vous décriviez de la sorte ?

[Avez-vous le droit] d’ériger ces propos en lieu et place du Livre de Dieu, en les utilisant pour accorder et pour refuser ? » Et al-Chafi’i ajoute : « [L’objecteur dit] : Si vous persistez à admettre leurs traditions alors qu’ils sont tels que vous les avez décrits, quel est votre argument pour répliquer à qui les refuse ? Je n’en accepte rien, poursuivit-il, s’il peut s’y trouver la moindre erreur ; je n’accepte que ce dont je suis témoin devant Dieu, comme j’atteste la véracité de son Livre, dont personne ne peut mettre en doute le moindre mot, ni prétendre à une connaissance exhaustive qu’il n’a pas. »

Il n’est pas étonnant qu’al-Chafi’i, après avoir longuement répliqué à ces propos qu’il nous livre ici en résumé, ait estimé que « refuser toute tradition alors que le Livre de Dieu est clair » est une opinion qui « entraîne de très graves conséquences ». En effet, l’objecteur ajoute : « Celui qui accomplit tout geste qualifié de prière, ou le minimum de ce qui peut être qualifié d’aumône légale (zakat), est quitte de l’obligation, sans tenir compte de l’horaire, même s’il n’accomplit que deux inclinaisons (rak’a) par jour… Il ne saurait y avoir obligation pour personne, là où le Livre de Dieu n’a pas statué. »

Cette négation de l’autorité de la Sunna n’avait donc aucune chance de se développer, car c’était une position foncièrement opposée à l’orientation générale, qui s’enfermait dans les schèmes mentaux en vigueur à l’époque préislamique et qui hypertrophiait le rôle et la personne du Prophète, aux dépens de son message. Elle était influencée par la tendance populaire attirée par le coté sensible (et le Prophète était un personnage historique avec lequel on pouvait s’identifier). On a ainsi attribué au Prophète des faits et gestes qui, en plus d’un cas, laissent transparaître des préoccupations n’ayant absolument rien à voir ni avec la personnalité de Muhammad telle qu’elle apparaît dans les sources les plus fiables –c’est-à-dire le texte coranique- ni avec son époque, caractérisée par la simplicité et la spontanéité. Ce sont là les conséquences des luttes et des problèmes nouveaux que connut la communauté musulmane quand son territoire se fut étendu, que ses membres se furent multipliés et que la discorde éclata entre eux pour diverses raisons, politiques ou non. Le contexte politique dans lequel furent élaborés le fiqh et ses fondements ne permettait peut-être pas d’éviter les divergences entre les grandes factions de l’islam, notamment entre les chi’ites, les kharijites et ceux qu’on appellera les « gens de la Sunna et de la communauté ». Chacune d’elles avait ses propres filières de transmetteurs : les chi’ites ne rapportent que d’après leurs imams, les kharijites sont rigoureux quant aux conditions à remplir par les transmetteurs et, la plupart du temps, ils n’acceptent que les hadiths rapportés par les autorités, tout en critiquant celles du sunnisme. « Nous voyons, disent-ils, ces spécialistes du hadith jeter le discrédit sur tel rapporteur, à la moindre occasion ; puis, tout en ayant connaissance de ces graves attaques, ils acceptent les traditions des Compagnons et prennent acte de la version de celui qui discrédite et de celle de qui est discrédité. Cela n’a rien à voir avec la religion.

Ces experts en hadith sont à la remorque des puissants, ils sont esclaves du plus fort. Ils transmettent en faveur des dirigeants en place dans leur contrée et, le pouvoir de ces derniers vient-il à disparaître, ils les abandonnent. »

De leur coté, les experts sunnites rejettent les traditions transmises par leurs adversaires, qu’ils qualifient de « gens soumis aux passions et partisans de l’innovation ». il faut cependant bien remarquer que ce désaccord sur la filière des transmetteurs, tout comme dans le cas du fiqh, n’a pas entraîné le remise en cause du texte même du hadith, sauf sur les questions qui divisaient la communauté, comme l’imamat.

Source : Abdelmajid Charfi, « L’islam entre le message et l’histoire », Sud Editions, Tunis, 2004, pp 174-178. Islamiqua_sondages

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Commentaires
S
depuis 30ans,j'ai rejeté tous les receuils des hadiths,à cause de la non-authenticité logique,de la periode de collecte,et surtout de leur diversité qui a engendré la confusion ou la classification entre sahih,dhaif,maoudhoua,illogique,etc.. et puis,je n'ai aucun respect pour tous les collecteurs des hadiths,ni pour les 4 sections,madhahebs,ces soi-disants foukahas,et qu'on appelle irrationellement oulamas,leurs visions etleus positions et leurs interpretations des versets et des recits,n'ont engendré que discorde,totalitarisme,dogmatisme et effets pervers.
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