Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Islamiqua | L'islam et son image
Islamiqua | L'islam et son image
Archives
16 novembre 2007

Naissance et déclin du mouvement islamiste tunisien (1)

Belloumi_HamzaAux portes du pouvoir il y a exactement 20 ans, le mouvement islamiste tunisien est aujourd’hui complètement laminé. A l’intérieur du pays les thèses du mouvement n’ont plus aucune influence sur les tunisiens. Même le regain de religiosité observé en Tunisie depuis les ans 2000 n’a pu être amputé à un mouvement que beaucoup de tunisiens considèrent désormais obsolète.

En un mot comme en mille, aujourd’hui, en Tunisie, Ennahda est complètement inexistant. 

Vingt ans après cette grande défaite islamiste, Islamiqua revient exclusivement et pour la première fois en Tunisie sur cette défaite, sur les ambitions du mouvement intégriste en 1987  et sur l’état des lieux actuel.

Voici la première partie de ce dossier...

histoire_du_mouvement_islamiste_tunisien

Les débuts

BourguibaL’apport de Bourguiba dans l’émergence du courant islamiste tunisien est aujourd’hui une réalité historique. Involontairement, en effet, le premier président de la Tunisie indépendante favorisera l’émergence d’un courant islamiste à travers deux séries d’événements :

D’abord, ce fut l’ « excès » de modernisme bourguibien qui favorisa l’émergence d’un courant islamiste tunisien qui prétendra défendre l’islam contre les agissements d’un président considéré comme laïc et parfois même apostat. (Voir le dossier Islamiqua « Bourguiba et l’islam »)

Ensuite ce fut Bourguiba lui même qui reconnaîtra l’existence de ce courant et qui l’encouragera -dans une certaine mesure-  en autorisant en 1970 la création de l’Association de Sauvegarde du Coran (ASC) afin de contrer l’influence des idées de l’extrême gauche dans les universités tunisiennes.

l’Association de Sauvegarde du Coran n’était en réalité qu’un masque derrière lequel se cachait un mouvement islamiste intégriste dont l’ambition était plus importante que les buts que peut viser une association a savoir la prise du pouvoir. Or pour réaliser un tel objectif, une association ne suffit pas, il faut absolument créer un parti politique.

C’est ce qui sera fait sur deux étapes : d’abord dans la clandestinité en 1972 lors d’une réunion d’une quarantaine de militants islamistes dans une ferme de Mornag (20 Km au sud de Tunis), nous assisterons au congrès constitutif de la Jamma al-Islamiya.

Ensuite, profitant de la relative ouverture politique observée dans le pays en 1979, la Jamma al-Islamiya décide de se transformer en un parti dénommé le Mouvement de la tendance islamique (MTI) qui verra le jour officiellement en 1981.

Mais entre temps, c'est-à-dire entre la création de l’Association de Sauvegarde du Coran et la naissance du Mouvement de la tendance islamique, les militants islamistes ne resteront pas bras croisés. Au contraire, ils essayeront très tôt de mettre la main sur les médias du pays (principalement les journaux) afin de diffuser leur idéologie et de préparer l’opinion à leurs revendications.

C’est ainsi par exemple qu’ils parviendront à contrôler certains journaux comme Al- Moujtamaa et Al-Habib  et qu’ils créeront leur propre maison d’édition : Dar al-Raya spécialisée dans la diffusion des idées des Frères musulmans.

Cette situation va leur permettre d’une part d’aborder ouvertement la question de l’instauration d’un Etat islamique en Tunisie et de lancer un débat à ce sujet. Et d’autre part de ‘‘ré-islamiser’’ le plus grand nombre possible de tunisiens qui en regagneront les mosquées (où les islamistes règnent en maître) et ne trouveront plus du mal à admettre les thèses islamistes.

La boucle est bouclée et il ne reste plus aux islamistes que de faire voire aux autorités ce dont ils sont capable…

Confrontation

Fort du soutien de plus en plus large dont ils bénéficient, les islamistes commencent par enflammés les mosquées par des prêches anti-régime, agités les universités où leur sympathisants sont de plus en plus nombreux et finissent par descendre dans les rues à l’occasion des élections de 1979.

Etonné par l’importance du mouvement, Bourguiba exige que les principaux dirigeants du MTI soient poursuivis et emprisonnés. Chose qui se concrétisera avec des peines de 10 ans de prison prononcées en 1981 contre les leaders du mouvement à savoir Rached Ghannouchi, Abdellfattah Mourou et Salah Karkar.

Une grave erreur de la part du premier ministre de l’époque Mohamed Mzali sera derrière la libération de ces hommes et la relance du mouvement.

En effet, affaibli par les fameuses ‘‘émeutes du pain’’ qui auront lieu en Tunisie du 29 décembre 1983 au 3 janvier 1984, le premier ministre qui imaginait à l’époque pouvoir succéder à Bourguiba, tentera de rétablir le calme et de regagner la confiance de ces concitoyens en se rapprochant des islamistes. C’est ainsi qu’en 1984 les leaders emprisonnés trois ans plus tôt sont relâchés.

Aussitôt, ces derniers replongent dans la clandestinité et conviennent de changer leur mode opératoire. Ainsi, au cours du 3ème congrès du mouvement organiser (clandestinement) peu après cette libération, le mouvement décide de se doter de deux organes : un organe politique de façade et un organe militaire qui aura pour tache d’organiser la prise du pouvoir.

Et graçe au soutien financier de quelques hommes d’affaires et surtout de l’Iran de la révolution, le MTI parviendra d’une part à se doter d’un stock d’armes et d’autre part à infiltrer l’armée et la police !       

Nous sommes en 1986 et tout semble être prêt pour le coup d’Etat des islamistes. Certaines des chancelleries occidentales n’hésitent même plus à prédire que la Tunisie serait le premier pays islamiste du Maghreb.

C’est dans cet état des lieux que Mzali est limogé.

Considéré comme un coup de tonnerre par les islamistes qui perdent ainsi leur principal protecteur au sein du régime, le limogeage incite ces derniers à accentuer l’effort afin de mettre en place les dernières touches sur leur plan du coup d’Etat et lancent une vague impressionnante de manifestations, de vandalisme et d’agressions contre les agents de l’ordre.

Effrayé par l’hypothèse de leur prise du pouvoir, les autorités lancent une contre- vague d’arrestations dans les rangs des islamistes :

Le 10 juillet 1986, quatre leaders du mouvement sont jugés et condamnés à mort. Trois seulement seront exécutés, le quatrième -Ali Laaridh, porte parole du MTI- échappera à la peine capitale en s’enfuyant.   

Le 9 mars 1987, Rached Ghannouchi, l’émir du mouvement est arrêté alors que Karkar (responsable de l’aile militaire) est relâché faute de preuve.

Mais la liquidation et/ou l’arrestation des leaders du mouvement n’a pas anéantie les capacités de nuisance des militants islamistes. C’est ainsi que, la veille de la célébration de l’anniversaire de Bourguiba (le 3 août), quatre bombes explosent simultanément dans des hôtels de Sousse et de Monastir (ville natale du président).

Une date symbolique. Un lieu symbolique. Un secteur symbolique… Désormais il n’y a plus de doute, les islamistes veulent mettre l’Etat à genoux en liquidant sa principale source de devises (le tourisme) et veulent en finir avec le règne de Bourguiba.

Ce dernier a bien compris le message. Il appel la Cour de sûreté de l’Etat à siéger et il exige « des têtes » contrairement à l’avis de son ministre de l’intérieur Ben Ali qui lui avait conseillé de ne pas donner des martyres aux islamistes.

La première décision de la Cour ne satisfait pas Bourguiba, alors elle siège à nouveau afin de rendre un verdict plus conforme à ses souhaits…

Entre temps, Karkar est chargé de mettre en exécution le plan de putsch mis en place un an auparavant. Un plan qui comportait l’organisation de manifestations violentes, des attentats contre les touristes et les membres du gouvernement, l’assaut du Palais présidentiel de Carthage et la prise des casernes et des bâtiments de la radio-télévision Tunisienne.

Selon Sadok Chaabane, Ministre à plusieurs reprises et actuellement président de « l'Institut Tunisien des Etudes Stratégiques », le lancement de ce coup d’Etat a été fixé pour le 8 novembre 1987...

Une critique, une suggestion, un complément d’information ? … merci de poser vos commentaires

Publicité
Commentaires
Z
Je ne pense pas que ça soit Bourguiba qui ait encouragé directement la création des associations de sauvegarde du coran, ceci pour les raisons de l'emergence de cette mouvance. Ce qui reste à découvrir -peut être dans 20ou trente ans une fois les archives mis à la disposition du public- c'est la coincidence historique de l'emmergences de ces mouvements un peu partout. quelle est la part de la startégie du P.S.D., particulièrement Md Sayah celle de l'état ( minstère de l'intérieur) et celles des officines liées à la C.I.A. Je ne crois pas que ce mouvement avait suffisemment d'ancrage ni dans la société ni dans l'université pour pouvoir se développer de la manière dont elle fût à cette époque. les orientations moderniste et le terreau éducationnel de la Tunisie des années 70 ne pouvaient en aucun cas donner naiossnce - objectivement- à un courant pareil, sans qu'il y ait des interventions occultes tres puissantes. Il ne faut pas oublier que la mesure qui accompagé la réforme Messaâdi fût de fermer l'université Zitounienne pour couper définitivement avec ce qui étéit considéré comme la source d'un dfanger nationaliste Arabe et accessoirement isalmiste- bien que la question ne se posait même pas à cette époque. Donc je persiste à croire que contrairement à la pensée de la gauche non orthodoxe qui avait objectivement une existance réelle chez dez hommes et des femme d'une certaine génération, la pensée islamiste était inexistante. Les deux personnage qui soit disnt représentaient ce courant, Ghannouchi et Mourou, ne représentaient qu'eux m^me et n'avaient aucun charisme dans les milieux éstudiantins. c'étaient des personnages ternes sans grande culture avec des problèmes personnels pas tres nets, sans l'appui de ces forces occultes il n'avaient aucune chance de driner des foules de jeune issue de l'école moderniste bourguibienne.Et la repression de l'extr^me gauche, qui l'a poussé à des positions gauchistes aventuristes a profité à la mouvance islamiste encouragé par les diverses tribunes que leut a offert le pouvoir.Et comme dans tous les jeux des apprentis sorciers, il y a des ratages qui se traduisent par l'échec du contrôle des islamistes qui vont se radicaliser de plus en plus surtout aprés les réformes Mzali de l'arabisation de la Philo.
Islamiqua | L'islam et son image
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité