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Islamiqua | L'islam et son image
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21 octobre 2007

Démocratie pour tous ? (2) : La démocratie est-elle concevable dans le monde musulman ?

democratie

Une telle question peut sembler ridicule pour certains.

Cette question reviendrait en fait à poser une autre question encore plus claire : l’islam et la démocratie sont-ils incompatibles ?

Or le fait même de poser de telles questions ne me semble pas très innocent car pourquoi n’avons-nous pas poser les mêmes questions pour les autres religions ? Et pourquoi nous nous sommes pas interrogés seulement sur la compatibilité de la religion avec la démocratie d’une manière plus générale ?

L’islam est-il aussi original que ça ? Est il une religion qui pose problème avec la démocratie ? Et si oui est-il la seule religion qui pose problème avec la démocratie ?

Et enfin, quelqu’un pourrait nous dire :  

Pourquoi l’islam ne serait-il pas compatible avec la démocratie ?

Tout cela est recevable, sauf que poser une telle question aussi subjective qu’elle soit peut nous donner des éléments de réponse à toutes les autres questions si l’on considère que l’islam est l’un de plusieurs phénomènes religieux que nous connaissons. (Par phénomène religieux, je vise toutes les religions, les confréries, les sectes, etc.) 

Commençant alors par dire que tout phénomène religieux peut déboucher sur un système (de gouvernement ou de pensée) anti-démocratique.

democratie_projectLes ingrédients sont bien connus : il suffit de ne pas reconnaître une place primordiale dans les institutions de l’Etat à la volonté du Peuple, de ne pas reconnaître une égalité entre tous les citoyens, de prétendre détenir La vérité et dire la volonté de Dieu… pour que vous soyez dans un système foncièrement anti-démocratique.

Or pourquoi tout phénomène religieux peut déboucher sur ce système ?

Simplement parce que tout phénomène religieux peut accorder une place aussi importante, aussi capitale et aussi dominante au divin tel qu’il finit par s’imposer par tout et pour tous. Or une société où le divin, où le religieux règle tout et interfère par tout ne peut être une société démocratique partant du principe que dans de telles sociétés la voix du Peuple n’existe pas et même si elle existe son poids est extrêmement négligeable devant la volonté divine.

Cela dit, si le phénomène religieux face auquel on se trouve débauche sur le tout divin et l’exclusion implicite du peuple, cela veut dire que c’est un phénomène qui n’est pas compatible avec la démocratie.    

La question ne concerne donc pas seulement l’islam et sa réponse sera valable pour l’ensemble des phénomènes religieux.

●●●

Donc, pour savoir si l’islam est oui ou non compatible avec la démocratie, nous devons s’interroger sur la place qu’il accorde au divin et sur celle qu’il réserve aux citoyens.

Et pour avoir une idée sur cette place, je ne vais pas procéder par le traditionnel jeu de cache-cache auquel s’adonnent d’éminentes personnalités musulmanes qui lorsqu’elles se trouvent face à un auditoire non musulman crient haut et fort, sourates à l’appui, que l’islam est parfaitement compatible avec la démocratie. Alors que lorsqu’elles se trouvent face à un auditoire musulman, elles s’empressent, sourates à l’appui, de montrer qu’en islam rien n’est laissé au Peuple et que tout est issu de la volonté divine.

Je vais me limiter à la définition même de l’islam sans recourir aux sourates dont l’utilisation subjective et sélective par certains a fini par les rendre capable de défendre la chose et son contraire.

Que veut dire en fait le mot islam ?

Tout va dépendre là aussi de la définition que nous allons donner à l’islam :

Pour une majorité de musulmans, l’islam est d’abord une foi, ensuite un ensemble d’obligations et d’interdits. Si l’on considère l’islam de la sorte nous considérerons par voie de conséquence l’ensemble des obligations et des interdits qu’il édicte comme immuables et qu’aucune volonté ne peut les enfreindre. L’islam serait dans ce cas assimilé à la Charia qui est justement constituée par un ensemble de règles juridiques que les jurisconsultes ont élaborés par référence au Coran et à la Sunna du Prophète.

Continuant dans cette même logique, nous finirons par dire que la Charia gouverne les musulmans. Que ces derniers ne sont pas en mesure de la contester parce qu’elle est La volonté divine alors même qu’elle est composée de beaucoup de règles décidés par les jurisconsultes. Or affirmer cela reviendrait à dire que les jurisconsultes disent la volonté divine. Autrement dit qu’ils sont les dépositaires de cette volonté et donc les représentants de Dieu sur terre.

Chose qui est incontestablement refusée en islam à partir du moment où, s’il y a quelque chose qui distingue concrètement cette religion d’autres croyances c’est incontestablement le fait qu’entre Dieu et ses créatures il n’y a ni intermédiaires ni dépositaires.

C’est pour cette raison que je pense que l’islam ne peut être considéré comme un ensemble d’obligations et d’interdits même s’il y a aujourd’hui une majorité de musulmans qui le pensent ainsi.

Pour ma part, voilà la définition ou plutôt l’idée que je me fais de l’islam et à laquelle j’y crois :

En effet, je considère l’islam en tant que relation entre l’être et son créateur qui guide à travers le Coran ses créatures qui veulent bien le suivre sur le bon chemin afin qu’elles puissent gagner le Paradis. A mon sens, le Coran n’est pas un ensemble d’obligations et d’interdits, ce n’est pas un code juridique, ni encore moins « La constitution du musulman » comme le prêche certains. Mais c’est plutôt un livre d’orientation, un livre qui nous donne les clefs pour intérioriser un mode de fonctionnement et de comportement qui nous sera utile pour vivre ici bas et accéder par la suite au Paradis.

En deux mots je dirais que l’islam est d’abord un mode de pensée, une culture, un comportement et pas seulement une observation scrupuleuse mais sans âme  d’un certain nombre de rites et d’obligations qu’on fini par faire à force d’habitude et non en signe de croyance.

●●●

Si vous avez la même idée que moi de l’islam ou une idée assez proche, et bien vous ne verrez certainement aucune contradiction entre votre foi basée sur votre relation personnelle avec Dieu et les principes de la démocratie représentative ni entre l’islam et le principe de la séparation entre le champ public et la vie privée.

Par contre, si de l’islam vous avez une vision politique, et bien votre position serait foncièrement opposée et l’islam pour vous ne serrez jamais compatible avec la démocratie.

C’est ce que nous verrons jeudi 1 novembre prochain dans le deuxième volet de ce dossier.

Une critique, une suggestion, un complément d’information ? … merci de poser vos commentaires

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