Ayaan Hirsi Ali
« Infidèle », c’est le titre qu’a choisie Ayaan Hirsi Ali pour son livre qui vient de sortir aux Etats-Unis d’Amérique ou elle vit depuis septembre 2006 date à laquelle elle a été invitée à rejoindre l’un des plus importants institut conservateur américain : The Américain Enterprise.
Ayaan se définie dans son livre comme une femme qui « milite pour les droits des femmes, la réforme de l’islam et la sécurité de l’Occident. »
Seulement, l’islam elle l’a abjuré depuis les attentats du 11 septembre (d’où le titre de son livre) et ce qu’elle dit à son propos est d’une violence impressionnante.
Mais si je vous parle aujourd’hui de Ayaan Hirsi Ali se n’est pas parce que je partage ses idées mais tout simplement parce que c’est une contestatrice qui -malgré qu’elle ne dit pas beaucoup de vérité- a beaucoup de succès en Occident en général et en amérique en particulier (son livre est classé sixième aux E.U).
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Ayaan Hirsi Ali, 38 ans, somalienne d’origine, elle a résidé en Arabie Saoudite, en Ethiopie, au Kenya avant de s’établir aux Pays Bas ou elle sera promue membre du parlement après son combat contre… l’immigration.
Dans son livre, Hirsi parle d’une enfance très difficile dans une société traditionaliste et pauvre. Mais d’après une interview qu’elle vient d’accorder au magazine américain Newsweek, et contrairement a ce que disent ses détracteurs, son apostasie n’aurait pas de rapport avec sa pénible jeunesse. Elle n’abjura l’Islam qu’après les attentats du 11 septembre : « j’ai commencé [alors] a étudié l’agenda de Ben Laden et a en faire la comparaison avec ce qui est écrit au Coran, et j’ai vérifier qu’elle s’y trouvée. »
C’est peu être ce qui a motivé sa collaboration avec le réalisatuer Théo Van Gogh pour la réalisation d’un court métrage de 10 minutes intitulé Soumission qui critiqua la situation de la femme musulmane.
Ce film sera à l’origine de l’assassinat du réalisateur par un jeune marocain de 26 ans en 2004.
Depuis, Hirsi bénéficie d’une protection policière rapprochée, suite aux nombreuses fatwas et menaces de morts qu’elle a reçue.
Mais, ne lui dite surtout pas que ce n’est pas comme ça qu’on réforme l’islam !
Parce qu’elle vous répondra que ce n’est pas a elle de reformer cette religion. Elle ne fait que dire les ‘‘vérités’’ et elle laisse aux autres le soin d’apporter les réformes !
Les vérités de Hirsi ?
Voici quelques exemples :
« Le vrai Islam conduit à la rigidité »
« Ceux qui ont portés ce sentiment [de haine] pour l’amérique et l’Occident, ne représentent pas un groupe de fou extrémistes. J’ai appris que l’écrasante majorité des musulmans considère que ses attaques sont une légitime vengeance contre les ennemis apostats de l’islam. »
« Chaque musulman religieux, qui souhaite pratiquer le vrai islam est un sympathisant des Frères Musulmans. »
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Il est claire que ce ton polémique de Hirsi Ali ne servira point le réformisme dans le monde musulman, mais peut être que nous avons besoin de ce genre de discours pour se réveiller une bonne foi pour toute et ouvrir les yeux sur notre situation, certes pas aussi cauchemardesque que celle que décrie Hirsi mais non moins préoccupante.
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Ce ton de Hirsi Ali a fait récemment l’objet d’une polémique qui a opposé sur les pages du Monde deux auteurs : Pascal Bruckner et Ian Burma.
Je vous rapporte quelques extraits de leurs articles parce que l’opposition de leur point de vue reflète parfaitement l’opposition qui existe entre pro et anti- Ayaan Hirsi aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du monde musulman.
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Dans une tribune intitulée « En finir avec le multiculturalisme » (Le Monde du 20.02.2007), Pascal Bruckner attaque le livre d’Ian Burma (On a tué Théo Van Gogh) et se lance dans la défense de Hirsi :
« La différence entre elle et Mohammed Bouyeri, le meurtrier de theo Van Gogh, c’est qu’elle n’a jamais préconisé le meurtre pour faire triompher ses idées. Les seules armes dont elle use sont la persuasion, la réfutation, le discours. (…)
Isolée, promise à l’égorgement par les radicaux, contrainte de vivre entourée de gardes du corps, Ayaan Hirsi Ali doit en plus subir, comme Robert Redeker, ce professeur de philosophie français menacé de mort par des sites islamistes, les sarcasmes des grands esprits et des donneurs de leçon. Les défenseurs de la liberté seraient donc des fascistes, tandis que les fanatiques sont dépeints comme des victimes ! (…)
Ayaan Hirsi Ali, il est vrai, déjoue les stéréotypes du politiquement correct en cours : Somalienne, elle proclame la supériorité de l’Europe sur cette région de l’Afrique ; femme, elle échappe au destin d’épouse et de mère ; musulmane, elle dénonce ouvertement l’arriération du Coran. Autant de clichés bafoués qui font d’elle une insoumise et non une de ces insurgées en toc comme nos sociétés en produisent à la pelle. (…) »
L’intéressé, l’essayiste Ian Buruma répliquera à cette attaque dans l’édition du 28 février 2007 du Monde dans un article intitulé « Combattre l’intégrisme, mais sana alarmisme »:
« S‘il a eu l'amabilité de lire mon livre, On a tué Théo Van Gogh, (Flammarion, 2006), je ne comprends pas comment Pascal Bruckner, dans sa tribune publiée dans Le Monde du 20 février, en a tiré la conclusion que celui-ci constituait une attaque contre Ayaan Hirsi Ali. Les deux dernières phrases d'On a tué Théo Van Gogh sont : "Et Ayaan Hirsi Ali a dû quitter la scène (les Pays-Bas). Mon pays paraît plus petit sans elle."
Je suis d'accord avec Ayaan Hirsi Ali pour affirmer que la démocratie libérale doit être défendue contre la violence extrémiste, et que l'on doit protéger les femmes contre toute maltraitance. Les seules différences entre elle et moi portent sur les priorités. Etant passée de l'islamisme dévot à l'athéisme, elle a tendance à voir dans la religion en général, et l'islam en particulier, la racine de tous les maux, notamment celui des violences faites aux femmes. Elle réduit à une seule menace monolithique la diversité des traditions culturelles, des coutumes tribales et des antécédents historiques, même à l'intérieur du monde musulman. L'islam tel qu'il est pratiqué à Java n'est pas le même que celui observé dans un village marocain, au Soudan ou à Rotterdam.
Etre tolérant ne signifie nullement être aveugle aux différences. (…)
Ayaan Hirsi Ali a parfaitement le droit de traiter le prophète Mahomet de "pervers", tout comme M. Bruckner a le droit de traiter les musulmans de "brutes" (dans la version intégrale du texte de Pascal Bruckner, consultable sur le site : signandsight.com). Mais si le projet est de réformer l'islam, alors de telles dénonciations ne sont peut-être pas le meilleur moyen d'y parvenir. Isoler les djihadistes et combattre leurs dogmes dangereux est chose trop importante pour céder aux polémiques grossières. (…) »