Introduction à l’histoire du Chiisme (5)
L’imam Jaafar al Sedik avaient deux garçons : Ismaël et Moussa al Khadim.
A sa mort en 148 de l’Hégire, les chiites connaîtront la plus grande scission de leur histoire.
Pour certains, c’est l’aîné des fils de al Sedik qui doit être désigné Imam alors que pour la majorité, l’Imamat doit revenir au cadet Moussa al Khadim.
Jusqu’à aujourd’hui, on ne sait pas si Ismaël avait était écarté par son père ou s’il est mort avant ce dernier. Les duodécimains penchent pour cette dernière explication pour légitimer l’imamat de al Khadim, alors que les Ismaéliens penchent pour la première hypothèse en l’expliquant ainsi :
L’imam Jaafar al Sedik n’avait pas écarté son fils aîné Ismaël parce qu’il été incompétent pour occuper la fonction de l’imamat mais tout simplement pour crée une confusion au sein du pouvoir abbasside qui ne saurait plus qui est l’imam des chiites. Cette thèse a été inventée par Meimoun al Kaddah, l’un des plus proches compagnons du 6ème imam Jaafar al Sedik. Ce dernier aurait ordonné la création après sa mort d’un mouvement chiite clandestin et secret qui aurait un imam non seulement caché mais aussi ignoré même par les chiites eux-mêmes.
En faisant ainsi, les abbassides ne pourront jamais trouver l’imam et le chiisme sera sauvé.
Une partie des chiites (les Ismaéliens plus tard) adhéreront à cette thèse surtout après que Meimoun al Kaddah déclara l’illégitimité du septième imam Moussa al Khadim.
Seulement, la grande majorité des chiites n’adhérera pas à ce mouvement et considérera qu’étant donné que Ismaël est mort avant son père, c’est au fils cadet d’al Sedik, Moussa al Khadim que revient l’imam.
La aussi il faut relever, comme nous l’avons déjà fait lorsqu’on a parlé du début de la scission des chiites du reste des musulmans, qu’entre ces deux factions du chiisme (Duodécimains et Ismaéliens) il n’y avait pas de divergences doctrinales, ils étaient opposés seulement sur la personne de l’imam. Et tout le travail doctrinal ne se fera –comme d’habitude- que par la suite.
C’est ainsi que les Ismaéliens élèveront, à partir de ces événements, la dissimulation, le culte du secret et même la clandestinité au rang de principes fondamentaux.
Ils seront aussi à l’origine d’une thèse défendue aujourd’hui par tous les chiites selon laquelle il y aurait une différence entre un savoir exotérique accessible à tout le monde et un savoir ésotérique (comme celui des Prophète) qui n’est accessible qu’aux Imams et qui leur est inspiré, non pas par la Révélation comme se fut le cas pour les Prophètes, mais par ‘‘illumination’’.
A part ces grands principes et le fait que l’Ismaélisme fut gouverné par le principe de l’équité et la justice d’une part et l’indignation face au luxe exorbitant des Califes d’autres part, on ne sait pas beaucoup de choses sur son évolution postérieur jusqu'à la fin du troisième siècle de l’Hégire date à laquelle ses partisans institueront en Tunisie l’Etat Fatimide (par référence à Fatima fille du Prophète, épouse de Ali et mère d’al Hassan et al Hussein). Mais une fois au pouvoir, l’Ismaélisme connaîtra à son tour sa plus grande scission…
Quant à la doctrine des Duodécimains, qui représentent aujourd’hui plus de 75% des chiites, elle est basée sur les principes suivants :
1 - l’Imamat est la continuation de la Prophétie. Sans imamat, la mission des Prophètes sur terre serait incomplète. Et de là, les duodécimains n’auront pas du mal à théoriser leur deuxième principe.
2 - ‘‘L’infaillibilité de l’imam’’ : l’imam ne se trompe point.
3 - Les duodécimains croient que leur 12ème imam, l’imam Mohamed, est al Mahdi (le messie). Et ils sont même confortés dans cette idée par les… sunnites.
En effet, dans les livres sunnites de Hadiths ‘‘authentiques’’ du Prophète, il est dit à plusieurs reprises que al Mehdi al montathar est un descendant du prophète et qu’il s’appel Mohammed (ce qui cadre parfaitement avec le 12ème imam chiites).
Ainsi donc, est à partir du moment ou les chiites n’ont savent pas trop ce qu’est advenue Mohamed fils de Hassan al Askari, ils émettent l’hypothèse de son absence, une « grande absence » suite à laquelle Mohammed al Mehdi reviendra pour sauver l’humanité.
4 - Ainsi on arrive à un autre fondement du chiisme : l’absence de l’imam ; l’imam n’est pas mort, il vie parmi nous -depuis des siècles- et il se montrera le jour venu.
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Ainsi nous arrivons à la fin de cette « introduction à l’histoire du chiisme ». J’espère que vous en avez trouvé des éléments de réponses à certaines de vos questions sur les chiites. Il n’y a évidemment pas toutes les réponses à toutes les questions. Ce n’était pas le but de cette introduction. Son but était de vous présenter sommairement les chiites afin de permettre aux musulmans sunnites d’entres vous de faire la connaissance de leur « frères » d’une part et de permettre aux non musulmans de cerner les différences entre les Sunnites et les Chiites d’autre part. (une différence sur laquelle je reviendrai plus longuement le mercredi prochain).
Le tout avait un seul objectif : vous montrez que l’islam est depuis les premiers siècles de l’Hégire multiple, différemment apprécié et différemment interprété. Sa force réside peut être dans sa diversité. Une diversité qui devrait permettre à tous les musulmans de vivre ensemble sans que certains s’arrogent le droit d’en exclure d’autres. Une règle que les musulmans d’Irak devraient mettre en œuvre le plus rapidement possible.
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Enfin, et suite aux demandes de certains fidèles lecteurs de ce blog je vous présente -par ordre d’importance- les sources qui ont étés utilisées pour la réalisation de cette introduction :
1- Une série de 6 articles de Zyed Krichen publiée dans le magazine Réalités entre décembre 2006 et janvier 2007.
2- Le deuxième tome de l’encyclopédie « L’islam et sa civilisation » (quatre tomes) de André Miquel, publiée par les éditions Cérès en 1996.
3- L’encyclopédie libre wikipedia.
4- L’encyclopédie Encarta (édition 2006).
5- L’encyclopédie Britannica.
Fin