Introduction à l’histoire du Chiisme (1)
Le chiisme a vu le jour au cours du premier siècle de l’Hégire et plus exactement suite à « La Grande Discorde » qui opposa les musulmans du Cham (la Syrie aujourd’hui) partisans de Mouaouia aux musulmans de Basra et de Koufa (en Irak) partisans du 4ème Calife ‘‘bien guidé’’ Ali (cousin et gendre du Prophète).
L’origine de ce mouvement fut politique et sa transformation en un mouvement politico-religieux ne s’effectuera que plus tardivement comme nous le verrons dans le cadre de cette introduction à l’histoire du Chiisme et des Chiites.
J’attire votre attention dès maintenant sur le fait que le travail que vous allez lire n’est pas l’œuvre d’un historien et qu’il ne prétend pas dire la Vérité absolue sur ce mouvement d’autant plus que les sources écrites qui existent aujourd’hui et qui on servit à élaborer l’histoire du chiisme n’ont vus le jour qu’au 2ème siècle de l’Hégire, c’est à dire après plus de cent ans de l’existence effective de ce mouvement.
Je ne rentrerai pas dans plus de détails quant aux conditions historiques de l’élaboration de l’histoire des Chiites mais j’ai simplement voulu attiré votre attention sur la relativité de certaines informations que vous pouvez lire dans cette introduction et ce malgré le fait que j’ai essayé de ne prendre en considération que les éléments les plus vraisemblables en érigeant la neutralité comme ma première référence.
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Après la mort de Uthman en 35 de l’Hégire (656), Ali prendra sa place en tend que Calife des musulmans. Seulement, son règne ne durera pas longtemps car il sera très vite contesté par Mouaouia contre lequel il mènera la bataille de Ciffin en 37 de l’Hégire.
En l’an 40 de l’Hégire, Ali est assassiné par un Kharijite du nom d’Ibn Moljem et ce parce que les Kharijites considèrent que les deux parties qui ont provoqués la grande discorde des musulmans (Ali et Mouaouia) ainsi que leur partisans sont tous dans l’erreur, qu’ils étaient de grands pécheurs et qu’ils méritaient la mort et l’enfer.
La constitution du chiisme en tant que mouvement politique réclamant le Califat pour Ali ne s’arrêtera pas pour autant avec la mort de ce dernier. Très vite, les Chiites prêteront allégeance à l’aîné de ses fils, Al Hassan pour succéder à son père. Et de la réclamation du Califat pour Ali, nous passerons à la réclamation du Califat pour Ahl Al Bayt (La famille du Prophète).
Les historiens, relèvent qu’a part ces revendications, il n’y avait, à ce moment, entre les Chiites et le reste des musulmans aucune divergence doctrinal.
Al Hassan qui estimait ne pas avoir les moyens pour combattre Mouaouia préféra lui prêter, en compagnie de ses partisans, allégeance, puis se réfugie, accompagné de son frère Al Hussein et de son demi frère Ibn al Hanafya, à Médine.
Damas, ou le nouveau Calife compte le plus de partisans est devenue la capitale du Califat et les deux villes saintes de l’islam : La Mecque et Médine, céderont leur rôle politique à la nouvelle capitale et ne garderont qu’un rôle religieux.
Suite à la victoire incontestée de Mouaouia -et même auparavant- une très grave pratique a vue le jour dans les mosquées : l’injure de Ali dans les prêches du vendredi. Une pratique qui renforcera davantage la haine que porte désormais les Chiites pour les Omeyyades (partisans de Mouaouia).
En plus, l’allégeance de Al Hassan et de ses partisans ainsi que son ‘‘isolement’’ à
Médine n’ont, semble-il, pas suffit à tranquilliser Mouaouia sur le sort du fils de son rival. Il donnera alors ses ordres pour la mise à mort du petit fils du Prophète.
C’est ainsi que les agents de Mouaouia s’approchèrent de la femme d’Al Hassan et lui demandèrent de l’empoisonner en contre partie d’une très grande somme d’argent et du mariage avec le fils de Mouaouia Yazid.
En homme de parole, et suite à l’empoisonnement d’Al Hassan par sa femme en 49 de l’Hégire, Mouaouia lui donnera ce qu’il lui avait promis en argent mais pas… son fils. Il avait très peur que son fils épouse une empoisonneuse !
Avec la mort d’Al Hassan, c’est au tour d’Al Hussein de réclamer ‘‘l’héritage’’ de son Grand-père (le Prophète) et de son père (Ali).Mais il ne le fera pas aussitôt.
D’abord, parce qu’à Médine ou il ne comptait que peu de partisans, Al Hussein ne pouvait pas déclarer les hostilités à Mouaouia.
Ensuite, parce que, comme sot frère, il a jugé que les chiites n’avaient pas assez de moyens pour renverser les Omeyyades.
Il fallait donc attendre le moment propice…
C’est ce qui adviendra avec la mort de Mouaouia en l’an 60 de l’Hégire. Seulement, ce dernier avait préparé depuis quelques années son fils Yazid pour lui succéder. Mais ce Yazid passe auprès de beaucoup de musulmans pour un buveur de vin… et on lui impute tous les vices de la terre. C’est ce qui expliquera le fait que la majorité des fils des compagnons du Prophète refuseront de lui prêter allégeance.
Seulement, si Yazid ne pouvait craindre l’ensemble des fils des compagnons du Prophète, tel ne pouvait être le cas du fils du rival de son père et qui dispose d’un nombre très important de partisans à Basra et à Koufa. C’est pour cette raison que le gouverneur de Médine, sous l’ordre de Yazid, pressa Al Hussein de prêter allégeance au nouveau Calife.
Sans tempérer, ce dernier qui avait déjà reçu secrètement plusieurs missives lui demandant de rejoindre ses partisans (80.000 hommes armés) à Koufa et réclamer l’héritage de son père, rassura le gouverneur sur ses intentions et lui demanda qu’il le fasse le lendemain publiquement.
Mais avant l’aube, Al Hussein quitta Médine avec ses femmes, ses enfants et certains de ses partisans pour rejoindre Koufa …à 1300 Km de Médine.
Signalons ici que le demi frère d’Al Hussein, Ibn Al Hanafya, ainsi que son entourage à Médine, était opposé au ralliement d’Al Hussein aux opposants Chiites en avançant comme argument le fait que si vraiment insurrection il y avait, pourquoi les Chiites ne s’étaient pas révoltés contre le gouverneur de Koufa ?
Que dire alors d’une révolte contre l’ensemble du royaume Omeyyade !
Cette analyse pertinente ne sera pas entendue par Al Hussein.
Alerté du départ de Al Hussein de Médine, Ibn Zied qui fut entre temps nommé par Yazid gouverneur de Koufa et chargé de mater l’insurrection, se prépara pour recevoir Al Hussein et ses quelques combattants après avoir tué le chef Koufi des Chiites Hani Ibn Arwa (jeté du haut du palais de Ibn Zied).
L’insurrection était matée, les combattants chiites tués ou emprisonnés et la situation avait déjà tournée au profit des Omeyyades avant même l’arrivé de Al Hussein !
Ibn Zied envoya à la rencontre de Al Hussein 4000 hommes afin de lui barrer la route de Koufa. Les informations dont nous disposons sont unanimes pour dire que le but n’était pas de tuer le petit fils du Prophète mais de lui faire prêter allégeance à Yazid. Pour cette raison les hommes de Ibn Zied laisseront Al Hussein et ses combattants se diriger vers Kerbala (50 km de Koufa).
Seulement, après avoir refuser de prêter allégeance, et suite à l’ordre du Calife Yazid, les guerriers de Ibn Zied massacrèrent les combattants d’Al Hussein : tous les mâles, y compris les petits garçons, furent tués et décapités. Quant à Al Hussein, le petit fils du Prophète, en lui trancha la tête et en l’envoya en signe de victoire au Calife Yazid.
Un seul miraculé a échappé à ce carnage : un jeune enfant d’Al Hussein, Ali, sauvé par sa tente.
À suivre …