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Islamiqua | L'islam et son image
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20 décembre 2006

Islam, Le pensable est-il possible ? (6) : L’orthodoxie de la décadence

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A partir de l’élimination des Mu’tazilites par les Asharites, les musulmnas sont entrés dans le cercle de la décadence et du sous-développement sous toutes ses formes.

« Nous avons ainsi, faute d’une culture de la liberté d’opinion et d’expression, raté l’occasion historique d’engendrer la modernité dont nous possédions, par ailleurs, tous les éléments fondateurs. » (p.119)

Depuis, le monde arabo-musulman n’a connu que  le traditionalisme des ash’arites qui s’est érigé en orthodoxie. « Et cette orthodoxie est un strict volontarisme divin, le dogme de l’absolue liberté de la volonté divine et de la totale incompétence de la raison dans l’intelligence du dogme. Cette orthodoxie qu’aujourd’hui on identifie à l’Islam, alors qu’elle n’en a été qu’une lecture. » (p.94) 

Slim_Laghmani_Et c’est cette orthodoxie qui se trouve coupable des mots que nous connaissons aujourd’hui. Cette orthodoxie nous à interdit la liberté d’expression, elle à fait de nous « une société unanimiste, nourrie par la culture ash’arite d’al-ijma’a. Nous sommes encore attachés au principe en vertu duquel ‘‘toute innovation est une errance et toute errance est vouée à l’enfer’’  (Kullu bid’atin dhalala wa kullu dhalalatin fi-l-nar). (…)

Très souvent au cours de notre histoire, les fuqaha ont mobilisé les masses acquises au traditionnisme contre l’élite rationnelle, de nombreux philosophes en ont fait les frais. Aujourd’hui encore nous sommes sous le coup de la menace que fait peser al-amma sur al-khassa et nous obéissons encore au précepte d’Ibn Rushd en vertu duquel il ne faut surtout pas dévoiler à la ‘amma les arguments de l’élite rationnelle. L’autocensure est en quelque sorte inscrite dans notre patrimoine. » (p.124-125)

Cette orthodoxie a facilité la naissance de l’islamisme et elle nous a conduit à la menace la plus grave que connaît aujourd’hui le monde : le terrorisme islamiste.

Elle a permit la confusion entre islam et islamisme au point que « pour l’Occidental, le terrorisme c’est l’islamisme et l’islamisme c’est l’Islam. (…) (Or) que l’islamisme, sans qu’il n’en ait le monopole, génère le terrorisme, cela on le savait déjà : l’Algérie compte ses victimes par milliers dans l’indifférence générale de la société internationale. Mais que l’islamisme soit l’Islam voila l’erreur. Mais ni en Occident ni dans le monde musulman, on n’arrive à montrer en quoi est-ce que l’islamisme est différent de l’Islam. C’est que l’on s’y prend très mal. Quitte à choquer, je dirai que l’islamisme c’est aussi de l’Islam, de même que la ‘‘Sainte Inquisition’’ était aussi du Christianisme. La question n’est pas de savoir ce qu’est l’Islam ou ce qu’est le Christianisme, mais comment on les comprend. L’Islam comme foi a pour support un texte, ce texte, comme tout texte n’est pas univoque, il doit être lu, interprété, réinterprété. Si aujourd’hui, on confond l’Islam au nom duquel on a condamné les attentas du 11 septembre et l’islamisme qui les a glorifiés, c’est parce que rien ne les distingue dans leur compréhension du Texte. Ils adoptent les mêmes paradigmes, les mêmes méthodes, les mêmes techniques d’interprétation. L’islamisme des Talibans est Wahhabite ! Ce qui les distingue ce n’est pas leur compréhension du texte, mais des décisions politiques relatives aux attitudes à adapter. » (p.144-145)

Si telle est la situation, comment peut-on sauver l’Islam ?

Pour Laghmani « Un immense travail reste à faire qui est de notre responsabilité. Depuis laSlim_Laghmani_ Réforme, les Protestants ont renoncé à l’interprétation littérale de certains textes. Depuis Vatican II, l’Eglise catholique s’est adaptée à la modernité. Ce travail n’a pas été fait dans le monde arabo-musulman et les rares personnes qui s’y sont aventurées et qui s’y aventurent encore, sont, dans le meilleur des cas, superbement ignorées et, dans le pire, exécutées. Tant qu’on ne le fera pas, il sera difficile de convaincre, autrement qu’en recourant à des arguments d’autorité, que l’islamisme est une compréhension maladive de l’Islam. Il faut bien voir qu’il ne s’agit pas simplement de mettre en avant tel verset du Coran aux dépens d’un autre ou d’opposer une fatwa à une autre. Il s’agit d’adopter d’autres paradigmes, d’autres méthodes, d’autres techniques d’interprétation. Considérer, par exemple, que les raisons de la révélation (‘asbab al-nuzul) ont le statut de cause et non d’occasion comme l’affirme aujourd’hui l’islamisme le plus extrémiste et l’Islam le plus officiel. Il s’agit aussi, d’abandonner les distinctions entre ce qui est supposé être clair et ce qui est supposé être interprétable (al-muhkam w-al-mu-tashabih)… D’autres l’ont fait, il y a très longtemps, mais ont les a oubliés (les mu’tazilites). » (p.145-146)

* * *

Tout au long de son ouvrage, Slim Laghmani s’est attaché à nous faire savoir qu’il Il est parfaitement possible de penser à moderniser l’Islam. Mais est ce que ce pensable rend pour autant la modernisation de l’Islam possible ?

Non, pas dans les conditions dans lesquelles nous vivons. Actuellement la modernisation de l’Islam est simplement pensable. Or le pensable est une chose et le possible et une autre chose.          

Continuons alors à penser comment transformer le pensable en possible.

Une critique, une suggestion, un complément d’information ? … merci de poser vos commentaires

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